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Message par Grand Ric Mer 14 Jan 2009 - 21:13

LE VOYAGE (Baudelaire)


I

Pour l’enfant, amoureux de cartes et d’estampes,
L’univers est égal à son vaste appétit.
Ah ! que le monde est grand à la clarté des lampes !
Aux yeux du souvenir que le monde est petit !

Un matin nous partons, le cerveau plein de flamme,
Le cœur gros de rancune et de désirs amers,
Et nous allons, suivant le rythme de la lame,
Berçant notre infini sur le fini des mers :

Les uns, joyeux de fuir une patrie infâme ;
D’autres, l’horreur de leurs berceaux, et quelques-uns,
Astrologues noyés dans les yeux d’une femme,
La Circé tyrannique aux dangereux parfums.

Pour n’être pas changés en bêtes, ils s’enivrent
D’espace et de lumière et de cieux embrasés ;
La glace qui les mord, les soleils qui les cuivrent,
Effacent lentement la marque des baisers.

Mais les vrais voyageurs sont ceux-là seuls qui partent
Pour partir ; cœurs légers, semblables aux ballons,
De leur fatalité jamais ils ne s’écartent,
Et, sans savoir pourquoi, disent toujours : Allons !

Ceux-là dont les désirs ont la forme des nues,
Et qui rêvent, ainsi qu’un conscrit le canon,
De vastes voluptés, changeantes, inconnues,
Et dont l’esprit humain n’a jamais su le nom !


II

Nous imitons, horreur ! la toupie et la boule
Dans leur valse et leurs bonds ; même dans nos sommeils
La Curiosité nous tourmente et nous roule,
Comme un Ange cruel qui fouette des soleils.

Singulière fortune où le but se déplace,
Et, n’étant nulle part, peut être n’importe où !
Où l’Homme, dont jamais l’espérance n’est lasse,
Pour trouver le repos court toujours comme un fou !

Notre âme est un trois-mâts cherchant son Icarie ;
Une voix retentit sur le pont : « Ouvre l’œil ! »
Une voix de la hune, ardente et folle, crie :
« Amour… gloire… bonheur ! » Enfer ! c’est un écueil !

Chaque îlot signalé par l’homme de vigie
Est un Eldorado promis par le Destin ;
L’Imagination qui dresse son orgie
Ne trouve qu’un récif aux clartés du matin.

Ô le pauvre amoureux des pays chimériques !
Faut-il le mettre aux fers, le jeter à la mer,
Ce matelot ivrogne, inventeur d’Amériques
Dont le mirage rend le gouffre plus amer ?

Tel le vieux vagabond, piétinant dans la boue,
Rêve, le nez en l’air, de brillants paradis ;
Son œil ensorcelé découvre une Capoue
Partout où la chandelle illumine un taudis.


III

Étonnants voyageurs ! quelles nobles histoires
Nous lisons dans vos yeux profonds comme les mers !
Montrez-nous les écrins de vos riches mémoires,
Ces bijoux merveilleux, faits d’astres et d’éthers.

Nous voulons voyager sans vapeur et sans voile !
Faites, pour égayer l’ennui de nos prisons,
Passer sur nos esprits, tendus comme une toile,
Vos souvenirs avec leurs cadres d’horizons.

Dites, qu’avez-vous vu ?


IV

« Nous avons vu des astres
Et des flots ; nous avons vu des sables aussi ;
Et, malgré bien des chocs et d’imprévus désastres,
Nous nous sommes souvent ennuyés, comme ici.

La gloire du soleil sur la mer violette,
La gloire des cités dans le soleil couchant,
Allumaient dans nos cœurs une ardeur inquiète
De plonger dans un ciel au reflet alléchant.

Les plus riches cités, les plus grands paysages,
Jamais ne contenaient l’attrait mystérieux
De ceux que le hasard fait avec les nuages,
Et toujours le désir nous rendait soucieux !

— La jouissance ajoute au désir de la force.
Désir, vieil arbre à qui le plaisir sert d’engrais,
Cependant que grossit et durcit ton écorce,
Tes branches veulent voir le soleil de plus près !

Grandiras-tu toujours, grand arbre plus vivace
Que le cyprès ? — Pourtant nous avons, avec soin,
Cueilli quelques croquis pour votre album vorace,
Frères qui trouvez beau tout ce qui vient de loin !

Nous avons salué des idoles à trompe ;
Des trônes constellés de joyaux lumineux ;
Des palais ouvragés dont la féerique pompe
Serait pour vos banquiers un rêve ruineux ;

Des costumes qui sont pour les yeux une ivresse ;
Des femmes dont les dents et les ongles sont teints,
Et des jongleurs savants que le serpent caresse. »


V

Et puis, et puis encore ?


VI

« Ô cerveaux enfantins !

Pour ne pas oublier la chose capitale,
Nous avons vu partout, et sans l’avoir cherché,
Du haut jusques en bas de l’échelle fatale,
Le spectacle ennuyeux de l’immortel péché :

La femme, esclave vile, orgueilleuse et stupide,
Sans rire s’adorant et s’aimant sans dégoût ;
L’homme, tyran goulu, paillard, dur et cupide,
Esclave de l’esclave et ruisseau dans l’égoût ;

Le bourreau qui jouit, le martyr qui sanglote ;
La fête qu’assaisonne et parfume le sang ;
Le poison du pouvoir énervant le despote,
Et le peuple amoureux du fouet abrutissant ;

Plusieurs religions semblables à la nôtre,
Toutes escaladant le ciel ; la Sainteté,
Comme en un lit de plume un délicat se vautre,
Dans les clous et le crin cherchant la volupté ;

L’Humanité bavarde, ivre de son génie,
Et, folle maintenant comme elle était jadis,
Criant à Dieu, dans sa furibonde agonie :
‹ Ô mon semblable, ô mon maître, je te maudis ! ›

Et les moins sots, hardis amants de la Démence,
Fuyant le grand troupeau parqué par le Destin,
Et se réfugiant dans l’opium immense !
— Tel est du globe entier l’éternel bulletin. »


VII

Amer savoir, celui qu’on tire du voyage !
Le monde, monotone et petit, aujourd’hui,
Hier, demain, toujours, nous fait voir notre image :
Une oasis d’horreur dans un désert d’ennui !

Faut-il partir ? rester ? Si tu peux rester, reste ;
Pars, s’il le faut. L’un court, et l’autre se tapit
Pour tromper l’ennemi vigilant et funeste,
Le Temps ! Il est, hélas ! des coureurs sans répit,

Comme le Juif errant et comme les apôtres,
À qui rien ne suffit, ni wagon ni vaisseau,
Pour fuir ce rétiaire infâme ; il en est d’autres
Qui savent le tuer sans quitter leur berceau.

Lorsque enfin il mettra le pied sur notre échine,
Nous pourrons espérer et crier : En avant !
De même qu’autrefois nous partions pour la Chine,
Les yeux fixés au large et les cheveux au vent,

Nous nous embarquerons sur la mer des Ténèbres
Avec le cœur joyeux d’un jeune passager.
Entendez-vous ces voix, charmantes et funèbres,
Qui chantent : « Par ici ! vous qui voulez manger

Le Lotus parfumé ! c’est ici qu’on vendange
Les fruits miraculeux dont votre cœur a faim ;
Venez vous enivrer de la douceur étrange
De cette après-midi qui n’a jamais de fin ? »

À l’accent familier nous devinons le spectre ;
Nos Pylades là-bas tendent leurs bras vers nous.
« Pour rafraîchir ton cœur nage vers ton Électre ! »
Dit celle dont jadis nous baisions les genoux.


VIII

Ô Mort, vieux capitaine, il est temps ! levons l’ancre !
Ce pays nous ennuie, ô Mort ! Appareillons !
Si le ciel et la mer sont noirs comme de l’encre,
Nos cœurs que tu connais sont remplis de rayons !

Verse-nous ton poison pour qu’il nous réconforte !
Nous voulons, tant ce feu nous brûle le cerveau,
Plonger au fond du gouffre, Enfer ou Ciel, qu’importe ?
Au fond de l’Inconnu pour trouver du nouveau !

****

Je sais, c'est long, j'ai tout mis... et je suis retourné au XIXème siècle : qu'importe !
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Message par Eimear Quinn Mar 20 Jan 2009 - 21:42

Voici 4 poemes par la tres tres tres grande poetesse polonaise, Wilslawa Szymborska (prix nobel 1996), traduits par Aaron et Eva Sadowska


ADMIRABLE NOMBRE PI

trois virgule un quatre un.
Chaque décimale est à la fois la suivante et la première
cinq neuf deux, puisqu’il est un chiffre sans fin.
Trop vaste six cinq trois cinq pour le saisir d’un seul regard
huit neuf, d’un simple calcul
sept neuf, avec l’imagination
trois deux trois huit, ou d’un jeu de mots
Trop vaste pour le comparer quatre six à quoiqu’il soit dans le monde.
Le plus long serpent terrestre cesse d’exister au bout de quarante mètres.
De même, mais légèment plus loin, les serpents de légendes.

Pi, avec son cortège de décimales
ne s’arrête pas à la bordure de la page,
il continue sur la table, traverse l’air
le mur, la feuille, le nid d’oiseau, les nuages, le ciel
jusqu’à un paradis flou et sans fond.
A côté de lui, la queue d’une comète n’est qu’une queue de souris
Même un rayon d’étoile plie sous le poids de l’espace.
Mais lui, deux, trois, quinze, trois cent dix-neuf,
mon numéro de téléphone, votre encolure,
l’année mil neuf cent soixante treize, sixième étage,
soixante cinq centimes, nombre d’habitants,
tour de taille, deux doigts, une charade, un code,
chant du rossignol, promesses d’amour
pour toujours...

Inutile de vous presser avec lui, vous n’y arriverez pas au bout.
La terre et le paradis, eux-même, sont temporels
mais pas notre Pi:
avec son cinq toujours parfaitement droit
son huit remarquablement beau
et son sept qui ne sera jamais le dernier
à pousser du coude cette flemmarde d’éternité
pour l’obliger à continuer.



LES AVEUGLES

Un poète lit ses poèmes à des aveugles.
Il ne pensait pas que ce serait si difficile.
Sa voix se trouble.
Ses mains tremblent.

Il ressent comment chaque phrase
est soumise à l’épreuve des ténèbres.
Le poème doit se débrouiller tout seul,
sans lumières, sans couleurs.

Dangereuse expérience pour les étoiles du poème,
l’aube, l’arc-en-ciel, l’inconsistance des nuages,
la lumière des néons, le clair de lune
le scintillement argenté du poisson dans l’eau.
le vol silencieux de l’aigle dans ses hauteurs.

Le poète lit - il est trop tard pour ne pas lire -
un enfant au pull jaune dans une prairie verte,
les innombrales toits rouges au fond de la vallée
le tourbillon des numéros sur le maillot des joueurs
une femme infiniment nue par la fente d’un porte.

Il voudrait bien taire - mais c’est impossible -
la saints alignés sur le porche de la cathédrale,
les gestes d’adieu échangés par la fenêtre d’un train,
les verres du microscope, le chatoiement d’une bague
le cinéma, les miroirs, les portraits dans l’album.

Mais les aveugles ont beaucoup de gentillesse,
de tact et d’indulgence.
Ils écoutent, sourient, et applaudissent.

Il y en a même un qui vient trouver le poète
une livre à la main ouvert à l’envers
pour lui demander un autographe invisible.


UN CHAT DANS UN APPARTEMENT VIDE

Mourir. Il ne faut pas faire cela à un chat.
Que peut-il faire dans un appartement vide ?
Grimper aux murs ?
Se frotter contre les meubles?

Apparement rien n’a changé
et pourtant rien n’est pareil.
Rien n’a été déplacé
et pourtant rien n’est en place.
Et le soir, pas de lampe allumée.

Un bruit de pas dans l’escalier
mais ce n’est pas le bon.
Une main met le poisson dans l’assiette
mais ce n’est pas la bonne.

Quelque chose ne commence pas
à l’heure habituelle,
quelque chose ne se passe pas
comme cela devrait.
Quelqu’un était là depuis toujours
et soudain n’est plus
s’obstinant à rester disparu.

On a fureté dans les armoires
fouillé les étagères
on s’est faufilé sous le tapis pour vérifier.
On a même bravé l’interdit en allant au bureau
et en mettant les papiers en désordre

Que faire maintenant ?
Dormir et attendre.

Attendre qu’il revienne
s’il ose.
Et lui faire savoir qu’on ne fait pas ça à un chat.

On avancera vers lui
l’air détaché, un peu hautain
en faisant semblant de ne pas le voir.
On marchera très lentement
la patte boudeuse
et surtout, pas un bond, pas un ronron,
du moins au début.

CONVERSATION AVEC LA PIERRE

Je frappe à la porte de la pierre
”C’est moi, laisse-moi entrer.
je viens te voir, te visiter
sentir ton souffle”

”Va-t-en, dit la pierre
Je suis fermée à clé.
Même brisée en morceaux
nous resterons toujours fermés,
même réduite en sable
nous ne laisserons entrer personne.”

Je frappe à la porte de la pierre.
”C’est moi, laisse-moi entrer.
Je viens par simple curiosité
et la vie est l’unique occasion.
Je voudrais seulement me promener dans ton palais
avant d’aller visiter la feuille et la goutte d’eau.
Je n’ai pas beaucoup de temps
car je n’ai qu’une vie.

- Je suis faite de pierre, dit la pierre.
Je dois rester sérieuse. Va-t-en,
tu vois bien que je n’ai pas les muscles du rire.

Je frappe à la porte de la pierre
- C’est moi, laisse-moi entrer.
On dit qu’il y a chez toi des grandes salles vides
majestueuses et sans bruit de pas
que personne n’a jamais vu.
Avoue que tu ne les connais pas toi-même.

-De grandes salles vides c’est vrai
mais il n’y a pas de place, dit la pierre.
Belles, peut-être
mais pas d’une beauté perceptible à tes sens.
Tu peux me savoir, mais jamais me connaître.
Tu me vois en apparence mais pas dans mon essence
Je frappe à la porte de la pierre
- C’est moi, laisse-moi entrer.
Je te promets de ne pas m’éterniser pas chez toi
ni prendre refuge
Je ne suis pas malheureuse et j’ai un domicile.
Et puis le monde vaut la peine qu’on y retourne.
J’entrerai chez toi et ressortirai les mains vides
sans toucher à rien.

Comme preuve de ma visite
j’écrirai seulement quelques mots
et d’ailleurs personne ne me croira.

- Tu n’entreras pas, dit la pierre.
Tu n’as pas le sens du partage
et aucun autre sens ne peut le remplacer
pas même la clairvoyance de l’au-delà.
Tu n’entreras pas,
tu ne connais pas le partage
tu n’en a qu’une image lointaine.

Je frappe à la porte de la pierre
- C’est moi, laisse-moi entrer.
Je ne peux pas attendre deux mille siècles
pour venir chez toi.

- Si tu ne me crois pas, dit la pierre
demande à la feuille, elle te dira la même chose,
et la goutte d’eau te dira comme la feuille.
Tu peux même demander à un cheveu de ta tête, si tu veux.
Tu me fais rire, tiens. D’un immense éclat de rire
comme si j’avais appris à rire.

Je frappe à la porte de la pierre
- C’est moi, laisse-moi entrer.

- Je n’ai pas de porte, dit la pierre.
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[Littérature] topic: poesie - Page 8 Empty Re: [Littérature] topic: poesie

Message par Ménalque Jeu 26 Fév 2009 - 17:07

Une partie de l'Expiation de Victor Hugo

L'expiation


Il neigeait. On était vaincu par sa conquête.
Pour la première fois l'aigle baissait la tête.
Sombres jours ! l'empereur revenait lentement,
Laissant derrière lui brûler Moscou fumant.
Il neigeait. L'âpre hiver fondait en avalanche.
Après la plaine blanche une autre plaine blanche.
On ne connaissait plus les chefs ni le drapeau.
Hier la grande armée, et maintenant troupeau.
On ne distinguait plus les ailes ni le centre.
Il neigeait. Les blessés s'abritaient dans le ventre
Des chevaux morts ; au seuil des bivouacs désolés
On voyait des clairons à leur poste gelés,
Restés debout, en selle et muets, blancs de givre,
Collant leur bouche en pierre aux trompettes de cuivre.
Boulets, mitraille, obus, mêlés aux flocons blancs,
Pleuvaient ; les grenadiers, surpris d'être tremblants,
Marchaient pensifs, la glace à leur moustache grise.
Il neigeait, il neigeait toujours ! La froide bise
Sifflait ; sur le verglas, dans des lieux inconnus,
On n'avait pas de pain et l'on allait pieds nus.
Ce n'étaient plus des cœurs vivants, des gens de guerre :
C'était un rêve errant dans la brume, un mystère,
Une procession d'ombres sous le ciel noir.
La solitude vaste, épouvantable à voir,
Partout apparaissait, muette vengeresse.
Le ciel faisait sans bruit avec la neige épaisse
Pour cette immense armée un immense linceul.
Et chacun se sentant mourir, on était seul.
- Sortira-t-on jamais de ce funeste empire ?
Deux ennemis! le czar, le nord. Le nord est pire.
On jetait les canons pour brûler les affûts.
Qui se couchait, mourait. Groupe morne et confus,
Ils fuyaient ; le désert dévorait le cortège.
On pouvait, à des plis qui soulevaient la neige,
Voir que des régiments s'étaient endormis là.
Ô chutes d'Annibal ! lendemains d'Attila !
Fuyards, blessés, mourants, caissons, brancards, civières,
On s'écrasait aux ponts pour passer les rivières,
On s'endormait dix mille, on se réveillait cent.
Ney, que suivait naguère une armée, à présent
S'évadait, disputant sa montre à trois cosaques.
Toutes les nuits, qui vive ! alerte, assauts ! attaques !
Ces fantômes prenaient leur fusil, et sur eux
Ils voyaient se ruer, effrayants, ténébreux,
Avec des cris pareils aux voix des vautours chauves,
D'horribles escadrons, tourbillons d'hommes fauves.
Toute une armée ainsi dans la nuit se perdait.
L'empereur était là, debout, qui regardait.
Il était comme un arbre en proie à la cognée.
Sur ce géant, grandeur jusqu'alors épargnée,
Le malheur, bûcheron sinistre, était monté ;
Et lui, chêne vivant, par la hache insulté,
Tressaillant sous le spectre aux lugubres revanches,
Il regardait tomber autour de lui ses branches.
Chefs, soldats, tous mouraient. Chacun avait son tour.
Tandis qu'environnant sa tente avec amour,
Voyant son ombre aller et venir sur la toile,
Ceux qui restaient, croyant toujours à son étoile,
Accusaient le destin de lèse-majesté,
Lui se sentit soudain dans l'âme épouvanté.
Stupéfait du désastre et ne sachant que croire,
L'empereur se tourna vers Dieu ; l'homme de gloire
Trembla ; Napoléon comprit qu'il expiait
Quelque chose peut-être, et, livide, inquiet,
Devant ses légions sur la neige semées :
« Est-ce le châtiment, dit-il. Dieu des armées ? »
Alors il s'entendit appeler par son nom
Et quelqu'un qui parlait dans l'ombre lui dit : Non.

II

Waterloo ! Waterloo ! Waterloo ! morne plaine !
Comme une onde qui bout dans une urne trop pleine,
Dans ton cirque de bois, de coteaux, de vallons,
La pâle mort mêlait les sombres bataillons.
D'un côté c'est l'Europe et de l'autre la France.
Choc sanglant ! des héros Dieu trompait l'espérance ;
Tu désertais, victoire, et le sort était las.
O Waterloo ! je pleure et je m'arrête, hélas !
Car ces derniers soldats de la dernière guerre
Furent grands ; ils avaient vaincu toute la terre,
Chassé vingt rois, passé les Alpes et le Rhin,
Et leur âme chantait dans les clairons d'airain !

Le soir tombait ; la lutte était ardente et noire.
Il avait l'offensive et presque la victoire ;
Il tenait Wellington acculé sur un bois.
Sa lunette à la main, il observait parfois
Le centre du combat, point obscur où tressaille
La mêlée, effroyable et vivante broussaille,
Et parfois l'horizon, sombre comme la mer.
Soudain, joyeux, il dit : Grouchy ! - C'était Blücher.
L'espoir changea de camp, le combat changea d'âme,
La mêlée en hurlant grandit comme une flamme.
La batterie anglaise écrasa nos carrés.
La plaine, où frissonnaient les drapeaux déchirés,
Ne fut plus, dans les cris des mourants qu'on égorge,
Qu'un gouffre flamboyant, rouge comme une forge ;
Gouffre où les régiments comme des pans de murs
Tombaient, où se couchaient comme des épis mûrs
Les hauts tambours-majors aux panaches énormes,
Où l'on entrevoyait des blessures difformes !
Carnage affreux! moment fatal ! L'homme inquiet
Sentit que la bataille entre ses mains pliait.
Derrière un mamelon la garde était massée.
La garde, espoir suprême et suprême pensée !
« Allons ! faites donner la garde ! » cria-t-il.
Et, lanciers, grenadiers aux guêtres de coutil,
Dragons que Rome eût pris pour des légionnaires,
Cuirassiers, canonniers qui traînaient des tonnerres,
Portant le noir colback ou le casque poli,
Tous, ceux de Friedland et ceux de Rivoli,
Comprenant qu'ils allaient mourir dans cette fête,
Saluèrent leur dieu, debout dans la tempête.
Leur bouche, d'un seul cri, dit : vive l'empereur !
Puis, à pas lents, musique en tête, sans fureur,
Tranquille, souriant à la mitraille anglaise,
La garde impériale entra dans la fournaise.
Hélas ! Napoléon, sur sa garde penché,
Regardait, et, sitôt qu'ils avaient débouché
Sous les sombres canons crachant des jets de soufre,
Voyait, l'un après l'autre, en cet horrible gouffre,
Fondre ces régiments de granit et d'acier
Comme fond une cire au souffle d'un brasier.
Ils allaient, l'arme au bras, front haut, graves, stoïques.
Pas un ne recula. Dormez, morts héroïques !
Le reste de l'armée hésitait sur leurs corps
Et regardait mourir la garde. - C'est alors
Qu'élevant tout à coup sa voix désespérée,
La Déroute, géante à la face effarée
Qui, pâle, épouvantant les plus fiers bataillons,
Changeant subitement les drapeaux en haillons,
A de certains moments, spectre fait de fumées,
Se lève grandissante au milieu des armées,
La Déroute apparut au soldat qui s'émeut,
Et, se tordant les bras, cria : Sauve qui peut !
Sauve qui peut ! - affront ! horreur ! - toutes les bouches
Criaient ; à travers champs, fous, éperdus, farouches,
Comme si quelque souffle avait passé sur eux.
Parmi les lourds caissons et les fourgons poudreux,
Roulant dans les fossés, se cachant dans les seigles,
Jetant shakos, manteaux, fusils, jetant les aigles,
Sous les sabres prussiens, ces vétérans, ô deuil !
Tremblaient, hurlaient, pleuraient, couraient ! - En un clin d'œil,
Comme s'envole au vent une paille enflammée,
S'évanouit ce bruit qui fut la grande armée,
Et cette plaine, hélas, où l'on rêve aujourd'hui,
Vit fuir ceux devant qui l'univers avait fui !
Quarante ans sont passés, et ce coin de la terre,
Waterloo, ce plateau funèbre et solitaire,
Ce champ sinistre où Dieu mêla tant de néants,
Tremble encor d'avoir vu la fuite des géants !

Napoléon les vit s'écouler comme un fleuve ;
Hommes, chevaux, tambours, drapeaux ; - et dans l'épreuve
Sentant confusément revenir son remords,
Levant les mains au ciel, il dit: « Mes soldats morts,
Moi vaincu ! mon empire est brisé comme verre.
Est-ce le châtiment cette fois, Dieu sévère ? »
Alors parmi les cris, les rumeurs, le canon,
Il entendit la voix qui lui répondait : Non !
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Message par Eimear Quinn Jeu 26 Fév 2009 - 21:28

j'ai toujours eu du mal avec le ptit Victor et le grand Hugo!
je trouve que ca fait une grande machinerie bien ebranlee par un auteur qui connait bien la technique, mais neanmoins qui manque parfois de sublime.. j'ai du mal a rentrer voila tout (mais y a des beaux textes d'Hugo)
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Message par kenyi Jeu 26 Fév 2009 - 23:04

manque parfois de sublime

Du sublime à Waterloo . ne peut exister le sublime à une défaite. ( fin sa dépend on se range de quel côté XD)
moi, la poésie d'Hugo j'aime bien, mais c'est trop facilement compréhensible , car qu'est un poème si il n'y a pas de sous entendus ou même de la cryptographie (fin les acrostiches ) ? il faut une part de mystère, pour les sous entendus Baudelaire se place bien. Exclamation jocolor
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Message par Grand Ric Ven 27 Fév 2009 - 7:45

Vive Baudelaire Cool

Ne serait-ce que pour son "Du vin ou du haschisch" ou ses "Paradis artificiels".
Ou pour Le Voyage, mais je l'ai déjà posté... ^^
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Message par Eimear Quinn Ven 27 Fév 2009 - 17:55

kenyi a écrit:Du sublime à Waterloo . ne peut exister le sublime à une défaite.
mais non mais non mais non! encore quelqu'un qui n'a pas lu le Du sublime de Longin (bon en Francais hein, pas en Latin tout de suite), mais bon qui a repris par Burke au XVIIIe siecle puis magnifier (et oui) par Diderot lui-meme dans ses essais esthetiques dont ses Salons ou il s'en sert pour etudier les correspondances entre les arts ou encore les effets de l'art. Le sublime nait de trois choses : l'emerveilleux, le beau et l'effroi! Il faut qu'on soit terrifie et en meme temps attire pour qu'il y ait sublime. Quoi d'autre qu'une defaite pour le dire? Et L'Iliade alors? Diderot cite le passage ou les corbeaux viennent picorer les yeux des morts comme l'un des plus grands moments du sublime chez Homere!
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Message par Ménalque Mar 3 Mar 2009 - 19:10

kenyi a écrit:moi, la poésie d'Hugo j'aime bien, mais c'est trop facilement compréhensible , car qu'est un poème si il n'y a pas de sous entendus ou même de la cryptographie (fin les acrostiches ) ? il faut une part de mystère, pour les sous entendus Baudelaire se place bien. Exclamation jocolor

Tu n'as qu'à lire du Mallarmé dans ce cas-là Mrgreen

Anywhere out of the world
(N'importe où hors du monde)


Cette vie est un hôpital où chaque malade est possédé du désir de changer de lit. Celui-ci voudrait souffrir en face du poële, et celui-là croit qu'il guérirait à côté de la fenêtre.

Il me semble que je serais toujours bien là où je ne suis pas, et cette question de déménagement en est une que je discute sans cesse avec mon âme.

«Dis-moi, mon âme, pauvre âme refroidie, que penserais-tu d'aller d'habiter Lisbonne? Il doit y faire chaud, et tu t'y ragaillardirais comme un lézard. Cette ville est au bord de l'eau; on dit qu'elle est bâtie en marbre, et que le peuple y a une telle haine du végétal, qu'il arrache tous les arbres. Voilà un paysage selon ton goût; un paysage fait avec la lumière et le minéral, et le liquide pour les réfléchir!»

Mon âme ne répond pas.

«Puisque tu aimes tant le repos, avec le spectacle du mouvement, veux-tu venir habiter la Hollande, cette terre béatifiante? Peut-être te divertiras-tu dans cette contrée dont tu as souvent admiré l'image dans les musées. Que penserais-tu de Rotterdam, toi qui aimes les forêts de mâts, et les navires amarrés au pied des maisons?»

Mon âme reste muette.

«Batavia te sourirait peut-être davantage? Nous y trouverions d'ailleurs l'esprit de l'Europe marié à la beauté tropicale.»

Pas un mot. -- Mon âme serait-elle morte?

En es-tu donc venue à ce point d'engourdissement que tu ne te plaises que dans ton mal? S'il en est ainsi, fuyons vers les pays qui sont les analogies de la Mort. -- Je tiens notre affaire, pauvre âme! Nous ferons nos malles pour Tornéo. Allons plus loin encore, à l'extrême bout de la Baltique; encore plus loin de la vie, si c'est possible; installons-nous au pôle. Là le soleil ne frise qu'obliquement la terre, et les lentes alternatives de la lumière et de la nuit suppriment la variété et augmentent la monotonie, cette moitié du néant. Là, nous pourrons prendre de longs bains de ténèbres, cependant que, pour nous divertir, les aurores boréales nous enverront de temps en temps leurs gerbes roses, comme des reflets d'un feu d'artifice de l'Enfer!»

Enfin, mon âme fait explosion, et sagement elle me crie: «N'importe où! n'importe où! pourvu que ce soit hors de ce monde!»

Baudelaire
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Message par Loutre Mar 3 Mar 2009 - 20:51

Je connaissais pas ce texte de Baudelaire. C'est dans les Petits poèmes en prose?

En tout cas, j'aime bien.

Ca fait penser au Voyage:
"Ô Mort, vieux capitaine, il est temps ! levons l’ancre !
Ce pays nous ennuie, ô Mort ! Appareillons !
Si le ciel et la mer sont noirs comme de l’encre,
Nos cœurs que tu connais sont remplis de rayons !

Verse-nous ton poison pour qu’il nous réconforte !
Nous voulons, tant ce feu nous brûle le cerveau,
Plonger au fond du gouffre, Enfer ou Ciel, qu’importe ?
Au fond de l’Inconnu pour trouver du nouveau !"

mais je crois que ça a déjà été posté, alors je poste pas le reste.
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Message par Ménalque Mer 4 Mar 2009 - 17:19

Oui, c'est bien les les Petits Poèmes en prose

I M A G I N E


1
Dans le ciel, la nuit,
Mille lumières qui brillent …
Et toi p'tit bonhomme
Tu vis monotone !

2
Cherche avec tes yeux
La magie des cieux :
Les mondes inouïs
Aux feux qui scintillent...

3
Des milliers d' couleurs
Qui naissent et qui meurent,
L'immense symphonie
Au bout de l'infini…

4
Un ciel jalonné
En millions d'années !
Des millions d' soleils !
Des terres qui s'éveillent !

5
L'espace sidéral,
Le vide intégral…
L'appel des trous noirs
Qui hantent ta mémoire…

6
La grande rencontre,
Le choc de deux mondes :
Quand deux galaxies
S'unissent pour la vie !

7
Un monde disparaît,
Un autre apparaît
Dans un grand ballet
De rouge et violet ,

8
De flammes et de feu ,
De nuages gazeux …
Une tache qui éclate
Au cœur du Zodiaque

9
Images du passé
De notre Crétacé
Qui font qu'emprunter
Notre Voie Lactée ,

10
Devant la grande toile
Où brillent les étoiles,
Tu rêves, toi l'artiste :
Tout seul sur la piste

11
Dans l'espace immense
Où les couleurs dansent,
Tu prends ton envol,
Ton esprit décolle

12
Alors tu as dit :
Si je pars d'ici
Regardez là-haut,
Voyez comme c'est beau :

13
Un ciel de bleuets
Sur fond de violettes,
Des nuages de roses,
Une apothéose…

14
Comme les anges si beaux
Qui voyagent là-haut …
Ouvre grand tes yeux,
Pour vivre comme eux…



Imagine , Imagine …………


Jean-Claude Brinette
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Message par Eimear Quinn Mar 26 Mai 2009 - 23:14

j'ai achete le bouquin surtout pour l'auteur que j'aime beaucoup et ce texte m'a beaucoup ému.

COQS

I


Il n’a jamais chanté. Il n’a pas couché une nuit dans un poulailler, connu une seule poule.
Il est en bois, avec une patte en fer au milieu du ventre, et il vit, depuis des années et des années, sur une vieille église comme on n’ose plus en bâtir. Elle ressemble à une grange et le faîte de ses tuiles s’aligne aussi droit que le dos d’un bœuf.
Or, voici que des maçons paraissent à l’autre bout de l’église.
Le coq de bois les regarde, quand un brusque coup de vent le force à tourner le dos.
Et, chaque fois qu’il se retourne, de nouvelles pierres lui bouchent un peu plus de son horizon.
Bientôt, d’une saccade, levant la tête, il aperçoit, à la pointe du clocher qu’on vient de finir, un jeune coq qui n’était pas là ce matin. Cet étranger porte haut sa queue, ouvre le bec comme ceux qui chantent, et l’aile sur la hanche, tout battant neuf, il éclate en plein soleil.
D’abord les deux coqs luttent de mobilité. Mais le vieux coq de bois s’épuise vite et se rend. Sous son unique pied, la poutre menace ruine. Il penche, raidi, près de tomber. Il grince et s’arrête.
Et voilà les charpentiers.
Ils abattent ce coin vermoulu de l’église, descendent le coq et le promènent par le village. Chacun peut le toucher, moyennant cadeau.
Ceux-ci donnent un œuf, ceux-là un sous, et Mme Loriot une pièce d’argent.
Les charpentiers boivent de bons coups, et, après s’être disputé le coq, ils décident de le brûler.
Lui ayant fait un nid de paille et de fagot, ils mettent le feu.
Le coq de bois pétille clair et sa flamme monte au ciel qu’il a bien gagné. –

II


Chaque matin, au saut du perchoir, le coq regarde si l'autre est toujours là, – et l'autre y est toujours.
Le coq peut se vanter d'avoir battu tous ses rivaux de la terre, – mais l'autre, c'est le rival invincible, hors d'atteinte.
Le coq jette cris sur cris : il appelle, il provoque, il menace, – mais l'autre ne répond qu'à ses heures, et d'abord il ne répond pas.
Le coq fait le beau, gonfle ses plumes, qui ne sont pas mal, celles-ci bleues, et celles-là argentées, – mais l'autre en plein azur, est éblouissant d'or.
Le coq rassemble ses poules, et marche à leur tête. Voyez, elles sont à lui : toutes l'aiment et toutes le craignent ; – mais l'autre est adoré des hirondelles.
Le coq se prodigue. Il pose ça et là, ses virgules d'amour, et triomphe, d'un ton aigu, de petits riens ; mais justement l'autre se marie et carillonne à toute volée ses noces de village…
Et le coq s'exaspère jusqu'à la fin du jour.
Ses poules rentrent, une à une. Il reste seul, enroué, vanné, dans la cour déjà sombre, – mais l'autre éclate encore aux derniers feux du soleil, et chante, de sa voix pure, le pacifique angélus du soir.


Jules Renard, Histoires naturelles (1896-1909)
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Message par GoldenSoul Mer 27 Mai 2009 - 18:42

on a étudié un texte du poète symboliste, Laforgue

Complainte des Complaintes



Maintenant ! pourquoi ces complaintes
Gerbes d'ailleurs d'un défunt Moi
Où l'ivraie art mange la foi ?
Sot tabernacle où je m'éreinte
À cultiver des roses peintes ?
Pourtant ménage et Sainte Table !
Ah ! ces complaintes incurables,
Pourquoi ? pourquoi ?

Puis, Gens à qui les fugues vraies
Que crie, au fond, ma riche voix
– N'est-ce pas, qu'on les sent parfois ?
Attoucheraient sous leurs ivraies
Les violettes d'une Foi,
Vous passerez, imperméables
À mes complaintes incurables ?
Pourquoi ? pourquoi ?


Chut ! tout est bien, rien ne s'étonne.
Fleuris, ô Terre d'occasion,
Vers les mirages des Sions !
Et nous, sous l'Art qui nous bâtonne,
Sisyphes par persuasion,
Flûtant des christs les vaines fables,
Au cabestan de l'incurable
Pourquoi ! – Pourquoi.
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Message par Eimear Quinn Mer 27 Mai 2009 - 20:25

Laforgue je suis pas très fan mais si faut faire un Jules, Supervieille je trouve ca excellent!
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Message par gab Jeu 28 Mai 2009 - 19:05

Quelqu'un a-t-il parlé déjà du recueil de Léo (S6)?

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Message par Podrick Payne Jeu 28 Mai 2009 - 19:35

gab a écrit:Quelqu'un a-t-il parlé déjà du recueil de Léo (S6)?
Non, j'ai vu une affiche, qu'est-ce? N'est-ce pas un peu prétentieux;..?
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Message par gab Jeu 28 Mai 2009 - 19:41

pas du tout, Léo, que je connais à peine, est quelqu'un de très littéraire (et oui un S..enfin il est en 6/ on lui pardonne :p -ça c'était pour 1 personne du forum qui se reconnaitra ^^)
et prétentieux n'est pas le mot_du tout

TDS, puisqu'il est dans ta classe tu pourrais lui faire de la pub quand même!

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Message par Magui gri gri Jeu 28 Mai 2009 - 19:53

Etre très littéraire n'empêche pas d'être prétentieux, loin de là.
Mais bon je ne connais pas l'affaire, ej voulais juste signaler ça.

Le poème sur le coq est très mignon! Et Eimear, tu le sais sans doute déjà mais on fait Supervielle la semaine prochaine Wink Je vous en dirais peut-être des nouvelles.
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Message par Eimear Quinn Jeu 28 Mai 2009 - 20:44

Magui gri gri a écrit:Le poème sur le coq est très mignon! Et Eimear, tu le sais sans doute déjà mais on fait Supervielle la semaine prochaine Wink Je vous en dirais peut-être des nouvelles.
oui j'ai beaucoup aimé ce poème. et non je ne le savais pas, je ne vois mon ptit loup que samedi donc il me l'aurait dit alors mais c'est une bonne nouvelle. Il m'a tellement fait aimer l'Uruguay!
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Message par gab Ven 29 Mai 2009 - 20:10

bien bien longtemps après, Eimear, oui le Neveu de Rameau c'était sympa (non pas le chef d'œuvre dont tu faisais l'éloge mais pas mal du tout quand même, et drôle!)

et là j'entreprends rapidement de relire La cantatrice chauve, et surtout La leçon de Ionesco (quand le Bac approche à grands pas...)

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Message par Loutre Mar 2 Juin 2009 - 20:52

Juste pour faire râler Eimear Mrgreen :

Tout a été dit cent fois
Et beaucoup mieux que par moi
Aussi quand j'écris ces vers
C'est que ça m'amuse
C'est que ça m'amuse
C'est que ça m'amuse et je vous chie au nez.

Boris Vian
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Message par Eimear Quinn Mar 2 Juin 2009 - 21:44

on dirait du mauvais Prévert! Et pourtant j'aime beaucoup Prévert!
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Message par Ménalque Ven 5 Juin 2009 - 17:27

Pffffffffff... Je m'aperçois que j'ai fait imprudemment la promesse de mettre mes poèmes. Personne ne l'a relevé, mais je n'ai qu'une parole ( lancée étourdiment soit )

Donc ( je ne peux même pas dire aussitôt dit, aussitôt fait )

A.R.

Les champs de neige crient, irradiés par les vents
Mutilés du noir Nord. Plaines d'éternité,
Aux dunes acres et aux parfums opiacés,
Ils furent nourris au sein de l'antique Temps.

Ils sont accompagnés de blancs croassements
Et d'amères odeurs. Leur immobilité
Fit fuir la boréal, de couleurs aurorée
Et l'écarlater ne peut même le dieu Sang.

Jamais survolés par le char phoébéen
Ni troublés par le feu des divins Olympiens,
Ils me souviennent tant que mes pleurs sont brûlés.

Sont-ils agités tels le zéphyr capricieux ?
Ou calmes, jouet pour le désir de vieux cieux ?
Ces champs de neige sont tes yeux, cadavre aimé.


Et:

Les miroirs d'eau croupie se reflètent mon spleen
Le spectre de la nuit s'amère, traversé
De lueurs sinistres, d'étoiles sans racines.
Les yeux vagues de pluie, prince des égarés,
Mes chimères sombrent, fumées évaporées,
Dans un insipide désespoir affadi.
La Lune, blafarde morte, m'a ignoré,
Me préférant les doigts de la mélancolie.

Je m'éthère, brûlant pour quelques gouttes d'ocre,
Une vie suairée, furieuse et médiocre.
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Message par Eimear Quinn Sam 6 Juin 2009 - 20:02

Ménalque a écrit:Pffffffffff... Je m'aperçois que j'ai fait imprudemment la promesse de mettre mes poèmes. Personne ne l'a relevée, mais je n'ai qu'une parole ( lancée étourdiment soit )
j'ai décidé de partir en campagne pour cette règle idiote de grammaire, mais que personne ici, même les plus sages quant à leur orthographe, ne respecte : accord obligatoire après l'auxiliaire avoir!!
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Message par Ménalque Mer 10 Juin 2009 - 19:14

Je ne parlais pas spécialement de la promesse, mais plutôt du message.
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Message par Aude Ven 10 Juil 2009 - 23:38

Coucou tout le monde
Personnellement j'aime beaucoup Verlaine, Rimbaud et Apollinaire (surtout Alcools).
Le plus drôle, c'est que quelques uns de mes poèmes préférés sont tombés au brevet (Mon rêve familier de Verlaine) et à mon oral de bac (Mai d'Apollinaire).

J'ai eu la flemme de tout lire, j'espère que personne ne l'avait déjà posté :

Mai

Le mai le joli mai en barque sur le Rhin
Des darnes regardaient du haut de la montagne
Vous êtes si jolies mais la barque s’éloigne
Qui donc a fait pleurer les saules riverains

Or des vergers fleuris se figeaient en arrière
Les pétales tombés des cerisiers de mai
Sont les ongles de celle que j’ai tant aimée
Les pétales flétris sont comme ses paupières

Sur le chemin du bord du fleuve lentement
Un ours un singe un chien menés par des tziganes
Suivaient une roulotte traînée par un âne
Tandis que s'éloignait dans les vignes rhénanes
Sur un fifre lointain un air de régiment

Le mai le joli mai a paré les ruines
De lierre de vigne vierge et de rosiers
Le vent du Rhin secoue sur le bord les osiers
Et les roseaux jaseurs et les fleurs nues des vignes.

Guillaume Apollinaire, Alcools

& voici un de mes poèmes personnels :
Lorsque tout est endormi,
J'écris
J'écris et je m'évade
Dans mon palais de jade
Laisse la porte entrouverte
J'aperçois la liberté
Offerte et refusée.
Je tends la main,
J’attends demain
Pour y accéder, enfin.
La solitude m'effraie, mais m'attire
Elle offre à ma vision
De nouveaux horizons encore inexplorés.
Je me retire, je reviendrai
Quand j'aurai visité ma maison de vacances :
Le silence.
La constance n'est pas mon fort ;
Dès que je m'endors,
J'y rêve.
J'arrive, Eden de paix,
Apaise la colère du monde
Attise la convoitise,
L'inspiration féconde du songeur acharné.
Harnachée à son charme,
Rien ne m’arrachera
Le bonheur du fantasme
Des mots qui glissent entre mes doigts
Des phrases qui coulent entre mes mains
Que la lumière du petit matin.


PS : Ménalque, je trouve le deuxième poème simplement magnifique *.*

Aude
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