Est-ce que un bon opposant fait un bon roman?

Je me demandais il y a peu de temps si un bon "méchant" fait en partie un bon livre.
Je pense que oui. Les nemesis mettent toujours un peu de piment dans
le récit et permettent de mieux définir le but et la personnalité du héros!
Par exemple je trouve le professeur Moriarty génial!

And you?

Il me semble que la figure du Némésis est présente, mais surtout dans les romans d'aventure, ou encore de fantasy (comme dans l'Illiade et l'Odyssée, ou dans les romans jeunesse)
Après, il y a régulièrement des figure antagonistes, mais pas forcément rivales du héros : comme ennemi, je pense à Javert ou au père Frolo (chez Hugo), et comme figure maléfique pas forcément ennemie, Lord Henry dans The Picture of Dorian Gray (O. Wilde).
C'est vrai que l'avantage d'avoir une figure antagoniste, c'est qu'elle renforce les qualités du héros, souvent assez caricaturales, avec le héros épique...

Le personnage opposant des romans dits d'aventure et de fantasy est certes
un des nemesis les plus classiques. Puisqu'il diffère du héros il tente de
l'empêcher de progresser dans le récit, souvent par des actions. Cependant il doit se monter convaincant
car si il ne possède aucun motif de lutte contre les intentions du héros, il n'y a que peu
d'intérêt dans son profil.

Le personnage de Claude Frollo n'appartient pas vraiment à cette catégorie et est considéré
comme un personnage antagoniste. Cependant dans quelque uns de ses actes, il développe
les caractéristiques d'un personnage opposant de roman d'aventure. Lorsqu'il poignarde Phoebus
il montre par cela non seulement sa jalousie mais sa rivalité secrète et sentimentale. Il ne "lutte"
pas forcement comme dans les récits fantasy mais une certaine rivalité subsiste.

Enfin dans l'ensemble, je trouve que tu as raison qu'il faut faire la distinction entre les différentes natures de
personnages antagonistes même si on peut trouver entre eux une similitude

Tuttifruity a écrit:
professeur Moriarty génial.

Sherlock !

Alors connaissez vous de bons romans où l'opposant est absent ou où aucune rivalité n'est présente ?

Bien sûr! Il y a des romans ou il n'y a pas du tout d'opposants et qui sont
formidables par exemple l'Alchimiste de Paulo Coelho ou La Contrebasse (monologue théâtral)
de Patrick Suskind!

Heu, Yoikage, on peut pas dire que Lord Henry soit un "méchant" de l'histoire... Je suis la seule à trouver que c'est le personnage le plus intéressant de l'histoire ? Oo

C'est mon personnage préféré, mais c'est clairement la figure négative de l'histoire, c'est lui qui corrompt Dorian. Ou au moins qui relâche le coté négatif de Dorian (vu que Dorian fera bien pire).
Pour des romans sans ennemi particulier, je penserai au Procès de Kafka, où il n'y a pas de rivalité à proprement parlé.
Dans l'Insoutenable Légèreté de l'être (de Kundera), on a des personnages antagonistes mais qui ne se causent pas de mal (on a des personnages "légers" ou marqués par la "pesanteur" qui agissent, sans pour autant créer de rivalité).
Je pourrais en sortir d'autres, mais là ce sont ceux de mes lectures les plus récentes.

On confond souvent le personnage antagoniste dans Le portrait de Dorian Gray.
Par exemple, on peut se poser la question à qui Dorian vend-t-il son âme? Au diable, mais quel personnage
le représente? Certains disent que c'est Basil Hallward parce que c'est lui l'artiste-auteur
du tableau tandis que d'autres estiment que c'est Lord Henry, et j'en fais partie!
C'est en effet lui qui exerce son influence sur Dorian.

Ceux qui pensent que c'est Basil se contente de suivre le raisonnement qui a poussé Dorian au meurtre.
Basil a une culpabilité indéniable, mais plus que Lord Henry, je pense que c'est à l'art que Dorian vend son âme (je pense que je vais le recaser en essay mardi ça).
Il fait don de son âme et de sa perception de la vie à l'art, au tableau donc : Par exemple, il tombe amoureux de l'art de Sibyl et non de la personne.

Ah oui! Effectivement cela semble être une idée intéressante!
Il vendrait donc son âme à une idée abstraite...
D'ailleurs, je crois que dans la préface ou bien en début de roman il y a
un moment où on parle justement de la notion d'art.

Oui, toute la préface donne la définition de l'art pour Oscar Wilde !!
Elle est très dense, et donne plusieurs clés pour comprendre le roman (qui est une illustration de la préface)

Maintenant qu'on en parle, j'ai envie de relire ce roman!!!
Certaines hypothèses disent que Oscar Wilde se dessine à
travers le personnage de Dorian Gray.
Personnellement, je pense que c'est faux.

Moi je pense qu'il y a une part de vrai, il va faire la même bêtise que Dorian quelque part, il va croire que l'art est supérieur à la vie et à la réalité des relations humaines...

En même temps, Oscar Wilde avait un amour propre assez important,
il serait donc possible, comme tu dis, qu'il privilégie davantage sont art et sa plume
que les relations humaines.