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[Littérature] topic: poesie
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Re: [Littérature] topic: poesie
Si je peux me le permettre, voici mon poème préféré. Court mais non moins beau:
Chanson d'automne
Les sanglots longs
Des violons
De l'automne
Blessent mon coeur
D'une langueur
Monotone.
Tout suffocant
Et blême, quand
Sonne l'heure,
Je me souviens
Des jours anciens
Et je pleure
Et je m'en vais
Au vent mauvais
Qui m'emporte
Deçà, delà,
Pareil à la
Feuille morte
Paul Verlaine
Je pense que tout le monde le connaît, mais ça me fait plaisir de le mettre sur le forum ^^.
Chanson d'automne
Les sanglots longs
Des violons
De l'automne
Blessent mon coeur
D'une langueur
Monotone.
Tout suffocant
Et blême, quand
Sonne l'heure,
Je me souviens
Des jours anciens
Et je pleure
Et je m'en vais
Au vent mauvais
Qui m'emporte
Deçà, delà,
Pareil à la
Feuille morte
Paul Verlaine
Je pense que tout le monde le connaît, mais ça me fait plaisir de le mettre sur le forum ^^.
peace- Modérateur
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Classe : PP1 - St Antoine
Date d'inscription : 07/06/2007
Re: [Littérature] topic: poesie
Yep, Brassens l'a repris de plus (en fin je crois ;p)
c3lc1u5- Floodeur
- Nombre de messages : 4687
Age : 55
Localisation : raphael@PC*3:~$
Classe : Seconde 3 ----> S1 ----> HX6 ----> PC*3
Date d'inscription : 04/09/2006
Re: [Littérature] topic: poesie
Moi je suis pas fan de Verlaine, il broie trop de noir pour moi, et sinon je le trouve un peu plat.
Par contre la Chanson d'automne, j'avoue que j'aime !
Les Bijoux
La très chère était nue, et, connaissant mon cœur,
Elle n’avait gardé que ses bijoux sonores,
Dont le riche attirail lui donnait l’air vainqueur
Qu’ont dans leurs jours heureux les esclaves des Mores.
Quand il jette en dansant son bruit vif et moqueur,
Ce monde rayonnant de métal et de pierre
Me ravit en extase, et j’aime à la fureur
Les choses où le son se mêle à la lumière.
Elle était donc couchée et se laissait aimer,
Et du haut du divan elle souriait d’aise
A mon amour profond et doux comme la mer,
Qui vers elle montait comme vers sa falaise.
Les yeux fixés sur moi, comme un tigre dompté,
D’un air vague et rêveur elle essayait des poses,
Et la candeur unie à la lubricité
Donnait un charme neuf à ses métamorphoses ;
Et son bras et sa jambe, et sa cuisse et ses reins,
Polis comme de l’huile, onduleux comme un cygne,
Passaient devant mes yeux clairvoyants et sereins ;
Et son ventre et ses seins, ces grappes de ma vigne,
S’avançaient, plus câlins que les Anges du mal,
Pour troubler le repos où mon âme était mise,
Et pour la déranger du rocher de cristal
Où, calme et solitaire, elle s’était assise.
Je croyais voir unis par un nouveau dessin
Les hanches de l’Antiope au buste d’un imberbe,
Tant sa taille faisait ressortir son bassin.
Sur ce teint fauve et brun, le fard était superbe !
— Et la lampe s’étant résignée à mourir,
Comme le foyer seul illuminait la chambre,
Chaque fois qu’il poussait un flamboyant soupir,
Il inondait de sang cette peau couleur d’ambre !
(C. Baudelaire)
Par contre la Chanson d'automne, j'avoue que j'aime !
Les Bijoux
La très chère était nue, et, connaissant mon cœur,
Elle n’avait gardé que ses bijoux sonores,
Dont le riche attirail lui donnait l’air vainqueur
Qu’ont dans leurs jours heureux les esclaves des Mores.
Quand il jette en dansant son bruit vif et moqueur,
Ce monde rayonnant de métal et de pierre
Me ravit en extase, et j’aime à la fureur
Les choses où le son se mêle à la lumière.
Elle était donc couchée et se laissait aimer,
Et du haut du divan elle souriait d’aise
A mon amour profond et doux comme la mer,
Qui vers elle montait comme vers sa falaise.
Les yeux fixés sur moi, comme un tigre dompté,
D’un air vague et rêveur elle essayait des poses,
Et la candeur unie à la lubricité
Donnait un charme neuf à ses métamorphoses ;
Et son bras et sa jambe, et sa cuisse et ses reins,
Polis comme de l’huile, onduleux comme un cygne,
Passaient devant mes yeux clairvoyants et sereins ;
Et son ventre et ses seins, ces grappes de ma vigne,
S’avançaient, plus câlins que les Anges du mal,
Pour troubler le repos où mon âme était mise,
Et pour la déranger du rocher de cristal
Où, calme et solitaire, elle s’était assise.
Je croyais voir unis par un nouveau dessin
Les hanches de l’Antiope au buste d’un imberbe,
Tant sa taille faisait ressortir son bassin.
Sur ce teint fauve et brun, le fard était superbe !
— Et la lampe s’étant résignée à mourir,
Comme le foyer seul illuminait la chambre,
Chaque fois qu’il poussait un flamboyant soupir,
Il inondait de sang cette peau couleur d’ambre !
(C. Baudelaire)
tigrou- Prend ses marques
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Date d'inscription : 07/06/2007
Re: [Littérature] topic: poesie
Un poème qui m'a bien fait délirer en son temps
Ses purs ongles très-haut dédiant leur onyx,
L'Angoisse, ce minuit, soutient, lampadophore,
Maint rêve vespéral brûlé par le Phénix
Que ne recueille pas de cinéraire amphore
Sur les crédences, au salon vide : nul ptyx,
Aboli bibelot d'inanité sonore,
(Car le Maître est allé puiser des pleurs au Styx
Avec ce seul objet dont le Néant s'honore.)
Mais proche la croisée au nord vacante, un or
Agonise selon peut-être le décor
Des licornes ruant du feu contre une nixe,
Elle, défunte nue en le miroir, encor
Que, dans l'oubli fermé par le cadre, se fixe
De scintillations sitôt le septuor.
Et puis mon préféré
A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu : voyelles,
Je dirai quelque jour vos naissances latentes :
A, noir corset velu des mouches éclatantes
Qui bombinent autour des puanteurs cruelles,
Golfes d'ombre ; E, candeur des vapeurs et des tentes,
Lances des glaciers fiers, rois blancs, frissons d'ombrelles ;
I, pourpres, sang craché, rire des lèvres belles
Dans la colère ou les ivresses pénitentes ;
U, cycles, vibrement divins des mers virides,
Paix des pâtis semés d'animaux, paix des rides
Que l'alchimie imprime aux grands fronts studieux ;
O, suprême Clairon plein des strideurs étranges,
Silence traversés des Mondes et des Anges :
- O l'Oméga, rayon violet de Ses yeux !
Qui a fait coulé beaucoup d'encre d'ailleurs.
PS : désolé s'ils ont déjà été cité je n'ai pas lu les 6 pages :/
Ses purs ongles très-haut dédiant leur onyx,
L'Angoisse, ce minuit, soutient, lampadophore,
Maint rêve vespéral brûlé par le Phénix
Que ne recueille pas de cinéraire amphore
Sur les crédences, au salon vide : nul ptyx,
Aboli bibelot d'inanité sonore,
(Car le Maître est allé puiser des pleurs au Styx
Avec ce seul objet dont le Néant s'honore.)
Mais proche la croisée au nord vacante, un or
Agonise selon peut-être le décor
Des licornes ruant du feu contre une nixe,
Elle, défunte nue en le miroir, encor
Que, dans l'oubli fermé par le cadre, se fixe
De scintillations sitôt le septuor.
Et puis mon préféré
A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu : voyelles,
Je dirai quelque jour vos naissances latentes :
A, noir corset velu des mouches éclatantes
Qui bombinent autour des puanteurs cruelles,
Golfes d'ombre ; E, candeur des vapeurs et des tentes,
Lances des glaciers fiers, rois blancs, frissons d'ombrelles ;
I, pourpres, sang craché, rire des lèvres belles
Dans la colère ou les ivresses pénitentes ;
U, cycles, vibrement divins des mers virides,
Paix des pâtis semés d'animaux, paix des rides
Que l'alchimie imprime aux grands fronts studieux ;
O, suprême Clairon plein des strideurs étranges,
Silence traversés des Mondes et des Anges :
- O l'Oméga, rayon violet de Ses yeux !
Qui a fait coulé beaucoup d'encre d'ailleurs.
PS : désolé s'ils ont déjà été cité je n'ai pas lu les 6 pages :/
Anto- Squatte la cafet'
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Date d'inscription : 07/06/2007
Re: [Littérature] topic: poesie
De qui sont ces deux-là ??
tigrou- Prend ses marques
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Re: [Littérature] topic: poesie
Le second; célébrissime ;p, est de Rimbaud ... c'est assez spécial et puis le i pour Mallarmé (qui est par ailleurs l'auteur du premier poème) évoque le blanc ;o
c3lc1u5- Floodeur
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Date d'inscription : 04/09/2006
Re: [Littérature] topic: poesie
Faites attention à bien mentionner et le titre et l'auteur à chaque fois, ça évitera de tels questionnements
Aragon, Imité de Camoëns
Parce qu'il n'y a pas que Rimbaud et Baudelaire, dans la vie.
Imité de Camoëns.
Un sonnet très riche que j'apprécie beaucoup =)
Aragon, Imité de Camoëns
Parce qu'il n'y a pas que Rimbaud et Baudelaire, dans la vie.
Imité de Camoëns.
Que cherchez-vous de moi perpétuels orages
De quels combats encore allez-vous me berner
Lorsque le temps s'enfuit pour ne plus retourner
Et s'il s'en retournait n'en reviendrait plus l'âge
Les ans accumulés vous disent bon voyage
Eux qui légèrement nous passent sous le nez
A des désirs égaux inégalement nés
Quand le vouloir changeant n’en connaît plus l'usage
Ce que je chérissais jadis a tant changé
Qu'on dirait autre aimer et comme autre douloir
Mon goût d'alors perdu maudit le goût que j'ai
Ah quel espoir trompé d'une inutile gloire
Me laisserait le sort ni ce temps mensonger
Qui guette mon regret comme un château de Loire
Un sonnet très riche que j'apprécie beaucoup =)
Re: [Littérature] topic: poesie
Je me disais aussi que celui des voyelles me rappelait quelquechose Mais j'arrivais pas à retrouver le nom ...
Par contre je connaissais pas le 1er.
Joli celui d'Aragon, mais pas très surréaliste ni dada ...
Par contre je connaissais pas le 1er.
Joli celui d'Aragon, mais pas très surréaliste ni dada ...
tigrou- Prend ses marques
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Re: [Littérature] topic: poesie
Ni très communiste (enfin j'ai lu en diagonale (a))
c3lc1u5- Floodeur
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Re: [Littérature] topic: poesie
Effectivement, ni très communiste ...
Un autre de moi, mais pas de "Wendy" cette fois. Celui-ci est un de mes préférés pami tous ceux que j'ai écrits. Il a été composé en juin 2006 dans une salle de bac, après que j'eus fini mon écriture d'invention de L'EAF. Au moins, je n'aurai pas totalement perdu mon temps, on ne peut pas dire que la rédaction de ma copie ait été du temps bien utilisé (ça m'a pris environ 2h30 et j'ai fini avec un 9 ).
Couleur de Jade
Je ne sais quoi écrire, et ne sais quoi penser.
Le monde est vaste, vague; parfois le monde est fade,
Oublions-le, Amour. Ô toi, couleur de Jade,
Rends-tu le monde plus beau, ou le fais oublier ?
Dans cette vaste jungle, dans ce bois épais,
Je me perds, je me noie, je fais des escapades,
Je me perds je me noie, sans toi, couleur de Jade :
Tu n’es plus avec moi, à part dans mes pensées.
Car de mon beau rosier, de toi, mon bel amour,
Seule la rose est tombée, et l’épine est toujours.
Et j’espère pourtant ne jamais t’oublier.
De mon cœur endormi je fais des escapades,
Dans cette jungle épaisse, dans ce bois de rosiers.
Et je rêve de toi, de toi couleur de Jade.
Un autre de moi, mais pas de "Wendy" cette fois. Celui-ci est un de mes préférés pami tous ceux que j'ai écrits. Il a été composé en juin 2006 dans une salle de bac, après que j'eus fini mon écriture d'invention de L'EAF. Au moins, je n'aurai pas totalement perdu mon temps, on ne peut pas dire que la rédaction de ma copie ait été du temps bien utilisé (ça m'a pris environ 2h30 et j'ai fini avec un 9 ).
Couleur de Jade
Je ne sais quoi écrire, et ne sais quoi penser.
Le monde est vaste, vague; parfois le monde est fade,
Oublions-le, Amour. Ô toi, couleur de Jade,
Rends-tu le monde plus beau, ou le fais oublier ?
Dans cette vaste jungle, dans ce bois épais,
Je me perds, je me noie, je fais des escapades,
Je me perds je me noie, sans toi, couleur de Jade :
Tu n’es plus avec moi, à part dans mes pensées.
Car de mon beau rosier, de toi, mon bel amour,
Seule la rose est tombée, et l’épine est toujours.
Et j’espère pourtant ne jamais t’oublier.
De mon cœur endormi je fais des escapades,
Dans cette jungle épaisse, dans ce bois de rosiers.
Et je rêve de toi, de toi couleur de Jade.
tigrou- Prend ses marques
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Re: [Littérature] topic: poesie
Et alors ? Ca n'en reste pas moins un poème de lui, qui exprime quelque chose de fort. Chez un poète comme lui, c'est intéressant, quand même d'avoir un poème qui utilise une forme plus que traditionnelle.pas très surréaliste ni dada ...
ni très communiste ...
Mais si on se penche plus longuement sur ce poème (et j'ai bien du le faire puisque je l'ai étudié) on voit combien il est riche et combien il est difficile, au début, à cerner. Même s'il n'en n'a pas l'air ... J'aime ce poème car c'est un peu une pièce d'orfèvrerie, et qui va à l'encontre de tout ce qu'on connaît de l'auteur. Il ne faudrait pas trop fractionner non plus, les gens passent par plusieurs styles, plusieurs idées. Roh
Re: [Littérature] topic: poesie
Non c'est simplement surprenant sutout quand on n'a pas étudié toute l'oeuvre d'Aragon et quand on voit qu'il a dédié des receuil entier au communiste (qu'il a dédié sa vie au communiste même exclu du PCF) genre "Houra l'Oural"
c3lc1u5- Floodeur
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Date d'inscription : 04/09/2006
Re: [Littérature] topic: poesie
Bon je me lance. Voici un humble poème de ma composition, sans forme précise ni rime (je n'ai manifestement pas l'art de faire )
Mes pas s'alignent, fébriles, sous une nuit d'encre.
Leur bruit sec résonne sur le pavé
Que j'ai tant foulé par le passé.
Les hauts murs me toisent
Mais ne me retiennent pas au passage.
Mes pas claquent, seuls, dans l'obscurité nue
D'une ruelle que je ne connais plus.
Même la brise douce et rassurante m'a délaissée.
Plus rien. Seulement cette détresse profonde
A laquelle mes foulées veulent m'arracher.
Mes pas me sont pénibles, ce bruit mat
Me transperce comme un poignard glacé.
Fuir plus vite, plus loin,
Ne plus me retourner, ne plus
Avoir mal, être enfin bien.
Mes pas pourtant me semblent vains, dans ce rêve incertain
Baigné de la lueur blafarde du désespoir.
Mon front ruisselle de ces souvenirs mesquins
Que mes pas voudraient anéantir
Mais que le temps même ne parvient à altérer.
Mes pas fuient à l'infini, vers un oubli
Que mes doigts effleurent sans saisir.
Les teintes s'estompent, mais ces images, insolentes,
Narguent encore mes pensées brûlantes
Cherchant une délivrance qu'elles ne connaitront jamais.
Mes pas s'alignent, fébriles, sous une nuit d'encre.
Leur bruit sec résonne sur le pavé
Que j'ai tant foulé par le passé.
Les hauts murs me toisent
Mais ne me retiennent pas au passage.
Mes pas claquent, seuls, dans l'obscurité nue
D'une ruelle que je ne connais plus.
Même la brise douce et rassurante m'a délaissée.
Plus rien. Seulement cette détresse profonde
A laquelle mes foulées veulent m'arracher.
Mes pas me sont pénibles, ce bruit mat
Me transperce comme un poignard glacé.
Fuir plus vite, plus loin,
Ne plus me retourner, ne plus
Avoir mal, être enfin bien.
Mes pas pourtant me semblent vains, dans ce rêve incertain
Baigné de la lueur blafarde du désespoir.
Mon front ruisselle de ces souvenirs mesquins
Que mes pas voudraient anéantir
Mais que le temps même ne parvient à altérer.
Mes pas fuient à l'infini, vers un oubli
Que mes doigts effleurent sans saisir.
Les teintes s'estompent, mais ces images, insolentes,
Narguent encore mes pensées brûlantes
Cherchant une délivrance qu'elles ne connaitront jamais.
pimprenelle- A l'aise
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Age : 33
Localisation : ma Bourgogne natale ^^
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Date d'inscription : 12/06/2007
Re: [Littérature] topic: poesie
J'aime beaucoup cette forme de poésie, libre et légère, et le thème me touche beaucoup également. Evocation de l'errance et de l'oubli. Alors certes il n'y a pas de grande construction poétique ni de rimes croisées, mais c'est cette simplicité que j'aime, dans une poésie =)
Re: [Littérature] topic: poesie
J'ai adoré lire vos poèmes, ce topic est vraiment une excellente idée. Malheureusement la plupart de mes poèmes préférés on déjà été cités, en outre j'ai l'impression que Brassens ferait tâche ici (bien qu'à mes yeux ce fût un poète avant tout) et je n'oserais pas vous infliger la lecture d'une de mes créations, d'abord parce que j'écris plus de nouvelles que de poèmes, et ensuite parce que la qualité de mes vers s'approche de celle des poèmes vogons dans le guide du voyageur galactique. Ainsi, je m'excuse de citer une ènième fois Baudelaire ! C'est son poème en prose qui m'a le plus touché, pour cause il me fait pensé à une fille que j'aime beaucoup.
Le désir de peindre
Malheureux peut-être l'homme, mais heureux l'artiste que le désir déchire!
Je brûle de peindre celle qui m'est apparue si rarement et qui a fui si vite, comme une belle chose regrettable derrière le voyageur emporté dans la nuit. Comme il y a longtemps déjà qu'elle a disparu!
Elle est belle, et plus que belle; elle est surprenante. En elle le noir abonde: et tout ce qu'elle inspire est nocturne et profond. Ses yeux sont deux antres où scintille vaguement le mystère, et son regard illumine comme l'éclair: c'est une explosion dans les ténèbres.
Je la comparerais à un soleil noir, si l'on pouvait concevoir un astre noir versant la lumière et le bonheur. Mais elle fait plus volontiers penser à la lune, qui sans doute l'a marquée de sa redoutable influence; non pas la lune blanche des idylles, qui ressemble à une froide mariée, mais la lune sinistre et enivrante, suspendue au fond d'une nuit orageuse et bousculée par les nuées qui courent; non pas la lune paisible et discrète visitant le sommeil des hommes purs, mais la lune arrachée du ciel, vaincue et révoltée, que les Sorcières thessaliennes contraignent durement à danser sur l'herbe terrifiée!
Dans son petit front habitent la volonté tenace et l'amour de la proie. Cependant, au bas de ce visage inquiétant, où des narines mobiles aspirent l'inconnu et l'impossible, éclate, avec une grâce inexprimable, le rire d'une grande bouche, rouge et blanche, et délicieuse, qui fait rêver au miracle d'une superbe fleur éclose dans un terrain volcanique.
Il y a des femmes qui inspirent l'envie de les vaincre et de jouir d'elles; mais celle-ci donne le désir de mourir lentement sous son regard.
Invité- Invité
Re: [Littérature] topic: poesie
Deux autres poèmes que j'apprécie.
Le premier en tant que fumeur et presque-fan de Ponge.
Dans Le Parti pris des choses, de Francis Ponge, La Cigarette
Et sinon, ce poème de Léo Ferré, qui est autant poète que chanteur. Et l'on trouve d'ailleurs ses textes comme l'on trouve des recueils de poésie. Le poème Cette blessure.
Le premier en tant que fumeur et presque-fan de Ponge.
Dans Le Parti pris des choses, de Francis Ponge, La Cigarette
Rendons d'abord l'atmosphère à la fois brumeuse et sèche, échevelée, où la cigarette est toujours posée de travers depuis que continûment elle la crée.
Puis sa personne : une petite torche beaucoup moins lumineuse que parfumée, d'où se détachent et choient selon un rythme à déterminer un nombre calculable de petites masses de cendres.
Sa passion enfin : ce bouton embrasé, desquamant en pellicules argentées, qu'un manchon immédiat formé des plus récentes entoure.
Et sinon, ce poème de Léo Ferré, qui est autant poète que chanteur. Et l'on trouve d'ailleurs ses textes comme l'on trouve des recueils de poésie. Le poème Cette blessure.
Cette blessure
Où meurt la mer comme un chagrin de chair
Où va la vie germer dans le désert
Qui fait de sang la blancheur des berceaux
Qui se referme au marbre du tombeau
Cette blessure d'où je viens
Cette blessure
Où va ma lèvre à l'aube de l'amour
Où bat ta fièvre un peu comme un tambour
D'où part ta vigne en y pressant des doigts
D'où vient le cri le même chaque fois
Cette blessure d'où tu viens
Cette blessure
Qui se referme à l'orée de l'ennui
Comme une cicatrice de la nuit
Et qui n'en finit pas de se rouvrir
Sous des larmes qu'affile le désir
Cette blessure
Comme un soleil sur la mélancolie
Comme un jardin qu'on n'ouvre que la nuit
Comme un parfum qui traîne à la marée
Comme un sourire sur ma destinée
Cette blessure d'où je viens
Cette blessure
Drapée de soie sous son triangle noir
Où vont des géomètres de hasard
Bâtir de rien des chagrins assistés
En y creusant parfois pour le péché
Cette blessure d'où tu viens
Cette blessure
Qu'on voudrait coudre au milieu du désir
Comme une couture sur le plaisir
Qu'on voudrait voir se fermer à jamais
Comme une porte ouverte sur la mort
Cette blessure dont je meurs
Re: [Littérature] topic: poesie
J'ai trouvé le poème de Pimprenelle très poétique et l'ai beaucoup aimé, malgré son peu de "forme poétique". Par contre, j'ai du mal à la lire la prose, bien qu'elle soit de Baudelaire, comme un poème. Je n'arrive à la voir que comme un très beau texte, agréablement poétique. Mais ça ne l'empêche pas d'être très beau, ce texte.
Et je pense qu'on pourrait réussir à caser Brassens. En tous cas, le poème de Ferré est également très beau !
En voici un autre à moi, mais celui-ci est peut-être un peu moins poétique car plus engagé. J'espère d'ailleurs qu'il ne lancera pas de polémique sur ce topic, ni qu'il sera considéré comme une opinion politique n'ayant pas sa place sur un forum. Auquel malheureux cas j'attendrai que les modos le suppriment .
(eh oui, encore un sonnet, qu'est-ce que vous voulez, j'adore ça ...)
Je ne sais quoi en dire, ces pensées m’ont troublé.
Pourquoi tous ces gens-là croient-ils, chose vilaine,
En ce dieu, non-sens de la bêtise humaine.
Sont-ils sots ? Leurs raisons m’ont semblé insensées.
Veulent-ils à leur vie un objectif donner ?
Pourquoi, alors, vouloir en faire un grand enfer,
Pour espérer après rire de Lucifer,
Dans une illusion, le paradis, logés ?
Pourquoi être asservi et pourquoi se priver
En espérant un lieu qui ne peut exister ?
Si dieu, à son image, parfaits nous a créés,
Pourquoi sommes-nous tant à ne le point aimer ?
Ne vivez pas soumis, pour un heur post-mortem,
Cueillez-le donc ici, aimez ! Carpe Diem.
Prochainement, un autre de la série "Wendy" ...
Et je pense qu'on pourrait réussir à caser Brassens. En tous cas, le poème de Ferré est également très beau !
En voici un autre à moi, mais celui-ci est peut-être un peu moins poétique car plus engagé. J'espère d'ailleurs qu'il ne lancera pas de polémique sur ce topic, ni qu'il sera considéré comme une opinion politique n'ayant pas sa place sur un forum. Auquel malheureux cas j'attendrai que les modos le suppriment .
(eh oui, encore un sonnet, qu'est-ce que vous voulez, j'adore ça ...)
Je ne sais quoi en dire, ces pensées m’ont troublé.
Pourquoi tous ces gens-là croient-ils, chose vilaine,
En ce dieu, non-sens de la bêtise humaine.
Sont-ils sots ? Leurs raisons m’ont semblé insensées.
Veulent-ils à leur vie un objectif donner ?
Pourquoi, alors, vouloir en faire un grand enfer,
Pour espérer après rire de Lucifer,
Dans une illusion, le paradis, logés ?
Pourquoi être asservi et pourquoi se priver
En espérant un lieu qui ne peut exister ?
Si dieu, à son image, parfaits nous a créés,
Pourquoi sommes-nous tant à ne le point aimer ?
Ne vivez pas soumis, pour un heur post-mortem,
Cueillez-le donc ici, aimez ! Carpe Diem.
Prochainement, un autre de la série "Wendy" ...
tigrou- Prend ses marques
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Re: [Littérature] topic: poesie
Bon et bien je vais citer du Brassens non seulement parce que c'est un grand poète (même s'il a utiliser par mal de textes d'autres poètes) mais aussi parce que j'adore ses textes disons ... moins académiquement et esthétiquement poètiques ;p.
On va commencer par un de ceux que je préfère :
Quand ils sont tout neufs
Qu'ils sortent de l'œuf
Du cocon
Tous les jeunes blancs-becs
Prennent les vieux mecs
Pour des cons
Quand ils sont d'venus
Des têtes chenues
Des grisons
Tous les vieux fourneaux
Prennent les jeunots
Pour des cons
Moi, qui balance entre deux âges
J'leur adresse à tous un message
Le temps ne fait rien à l'affaire
Quand on est con, on est con
Qu'on ait vingt ans, qu'on soit grand-père
Quand on est con, on est con
Entre vous, plus de controverses
Cons caducs ou cons débutants
Petits cons d'la dernière averse
Vieux cons des neiges d'antan
Vous, les cons naissants
Les cons innocents
Les jeun's cons
Qui n'le niez pas
Prenez les papas
Pour des cons
Vous, les cons âgés
Les cons usagés
Les vieux cons
Qui, confessez-le
Prenez les p'tits bleus
Pour des cons
Méditez l'impartial message
D'un type qui balance entre deux âges
Le temps ne fait rien à l'affaire
Quand on est con, on est con
Qu'on ait vingt ans, qu'on soit grand-père
Quand on est con, on est con
Entre vous, plus de controverses
Cons caducs ou cons débutants
Petits cons d'la dernière averse
Vieux cons des neiges d'antan
On va commencer par un de ceux que je préfère :
Quand ils sont tout neufs
Qu'ils sortent de l'œuf
Du cocon
Tous les jeunes blancs-becs
Prennent les vieux mecs
Pour des cons
Quand ils sont d'venus
Des têtes chenues
Des grisons
Tous les vieux fourneaux
Prennent les jeunots
Pour des cons
Moi, qui balance entre deux âges
J'leur adresse à tous un message
Le temps ne fait rien à l'affaire
Quand on est con, on est con
Qu'on ait vingt ans, qu'on soit grand-père
Quand on est con, on est con
Entre vous, plus de controverses
Cons caducs ou cons débutants
Petits cons d'la dernière averse
Vieux cons des neiges d'antan
Vous, les cons naissants
Les cons innocents
Les jeun's cons
Qui n'le niez pas
Prenez les papas
Pour des cons
Vous, les cons âgés
Les cons usagés
Les vieux cons
Qui, confessez-le
Prenez les p'tits bleus
Pour des cons
Méditez l'impartial message
D'un type qui balance entre deux âges
Le temps ne fait rien à l'affaire
Quand on est con, on est con
Qu'on ait vingt ans, qu'on soit grand-père
Quand on est con, on est con
Entre vous, plus de controverses
Cons caducs ou cons débutants
Petits cons d'la dernière averse
Vieux cons des neiges d'antan
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Re: [Littérature] topic: poesie
Merci Nibelheim et tigrou! J'aime beaucoup vos poèmes à tous les 2. Tigrou, j'aime particulièrement ton dernier poème (le plus engagé ) parce que c'est un sujet qui me fait beaucoup réfléchir et que j'en tire sensiblement les mêmes réflexions...
Je vous propose un poème très court de Prévert que je trouve magnifique et d'une puissance remarquable :
PREMIER JOUR
Des draps blancs dans une armoire
Des draps rouges dans un lit
Un enfant dans sa mère
Sa mère dans les douleurs
Le père dans le couloir
Le couloir dans la maison
La maison dans la ville
La ville dans la nuit
La mort dans un cri
Et un enfant dans la vie.
Je vous propose un poème très court de Prévert que je trouve magnifique et d'une puissance remarquable :
PREMIER JOUR
Des draps blancs dans une armoire
Des draps rouges dans un lit
Un enfant dans sa mère
Sa mère dans les douleurs
Le père dans le couloir
Le couloir dans la maison
La maison dans la ville
La ville dans la nuit
La mort dans un cri
Et un enfant dans la vie.
pimprenelle- A l'aise
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Re: [Littérature] topic: poesie
Ouah !
Il est époustoufflant celui-ci ! Je crois que le terme puissance est le plus approprié en effet. Pas très gai par contre ...
Il est époustoufflant celui-ci ! Je crois que le terme puissance est le plus approprié en effet. Pas très gai par contre ...
tigrou- Prend ses marques
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Re: [Littérature] topic: poesie
Bon comme ça fait longtemps, je poste le troisième de la série Wendy (non retravaillé, désolé nibelheim ...) :
Ce soir j’ai décidé de ne pas même attendre,
Que vienne l’insomnie pour me mettre à écrire.
En espérant bien sûr que tu me veuilles lire,
Peut-être pourras-tu plus vite me comprendre.
Ne sachant quoi écrire je m’apprête à éteindre,
Mais me rends vite compte que je ne pourrais,
Si jamais auparavant je ne m’appliquais
À encore une fois mon amour te dépeindre.
Je suis tant amoureux qu’aucune autre que toi
Ne saurait aujourd’hui plaire à mes yeux, qui sont
Pourtant à l’habitude inlassablement prompts
À beaucoup apprécier, à se mettre en émoi,
Devant les charmes qu’une femme peut offrir.
Oui je suis amoureux, répond à mon désir !
Ce soir j’ai décidé de ne pas même attendre,
Que vienne l’insomnie pour me mettre à écrire.
En espérant bien sûr que tu me veuilles lire,
Peut-être pourras-tu plus vite me comprendre.
Ne sachant quoi écrire je m’apprête à éteindre,
Mais me rends vite compte que je ne pourrais,
Si jamais auparavant je ne m’appliquais
À encore une fois mon amour te dépeindre.
Je suis tant amoureux qu’aucune autre que toi
Ne saurait aujourd’hui plaire à mes yeux, qui sont
Pourtant à l’habitude inlassablement prompts
À beaucoup apprécier, à se mettre en émoi,
Devant les charmes qu’une femme peut offrir.
Oui je suis amoureux, répond à mon désir !
tigrou- Prend ses marques
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Re: [Littérature] topic: poesie
un beau poême de V. Hugo, mais un peu long
Souvenir de la nuit du 4
L'enfant avait reçu deux balles dans la tête.
Le logis était propre, humble, paisible, honnête ;
On voyait un rameau bénit sur un portrait.
Une vieille grand-mère était là qui pleurait.
Nous le déshabillions en silence. Sa bouche,
Pâle, s'ouvrait ; la mort noyait son oeil farouche ;
Ses bras pendants semblaient demander des appuis.
Il avait dans sa poche une toupie en buis.
On pouvait mettre un doigt dans les trous de ses plaies.
Avez-vous vu saigner la mûre dans les haies ?
Son crâne était ouvert comme un bois qui se fend.
L'aïeule regarda déshabiller l'enfant,
Disant : - comme il est blanc ! approchez donc la lampe.
Dieu ! ses pauvres cheveux sont collés sur sa tempe ! -
Et quand ce fut fini, le prit sur ses genoux.
La nuit était lugubre ; on entendait des coups
De fusil dans la rue où l'on en tuait d'autres.
- Il faut ensevelir l'enfant, dirent les nôtres.
Et l'on prit un drap blanc dans l'armoire en noyer.
L'aïeule cependant l'approchait du foyer
Comme pour réchauffer ses membres déjà roides.
Hélas ! ce que la mort touche de ses mains froides
Ne se réchauffe plus aux foyers d'ici-bas !
Elle pencha la tête et lui tira ses bas,
Et dans ses vieilles mains prit les pieds du cadavre.
- Est-ce que ce n'est pas une chose qui navre !
Cria-t-elle ; monsieur, il n'avait pas huit ans !
Ses maîtres, il allait en classe, étaient contents.
Monsieur, quand il fallait que je fisse une lettre,
C'est lui qui l'écrivait. Est-ce qu'on va se mettre
A tuer les enfants maintenant ? Ah ! mon Dieu !
On est donc des brigands ! Je vous demande un peu,
Il jouait ce matin, là, devant la fenêtre !
Dire qu'ils m'ont tué ce pauvre petit être !
Il passait dans la rue, ils ont tiré dessus.
Monsieur, il était bon et doux comme un Jésus.
Moi je suis vieille, il est tout simple que je parte ;
Cela n'aurait rien fait à monsieur Bonaparte
De me tuer au lieu de tuer mon enfant ! -
Elle s'interrompit, les sanglots l'étouffant,
Puis elle dit, et tous pleuraient près de l'aïeule :
- Que vais-je devenir à présent toute seule ?
Expliquez-moi cela, vous autres, aujourd'hui.
Hélas ! je n'avais plus de sa mère que lui.
Pourquoi l'a-t-on tué ? Je veux qu'on me l'explique.
L'enfant n'a pas crié vive la République. -
Nous nous taisions, debout et graves, chapeau bas,
Tremblant devant ce deuil qu'on ne console pas.
Vous ne compreniez point, mère, la politique.
Monsieur Napoléon, c'est son nom authentique,
Est pauvre, et même prince ; il aime les palais ;
Il lui convient d'avoir des chevaux, des valets,
De l'argent pour son jeu, sa table, son alcôve,
Ses chasses ; par la même occasion, il sauve
La famille, l'église et la société ;
Il veut avoir Saint-Cloud, plein de roses l'été,
Où viendront l'adorer les préfets et les maires ;
C'est pour cela qu'il faut que les vieilles grand-mères,
De leurs pauvres doigts gris que fait trembler le temps,
Cousent dans le linceul des enfants de sept ans.
Souvenir de la nuit du 4
L'enfant avait reçu deux balles dans la tête.
Le logis était propre, humble, paisible, honnête ;
On voyait un rameau bénit sur un portrait.
Une vieille grand-mère était là qui pleurait.
Nous le déshabillions en silence. Sa bouche,
Pâle, s'ouvrait ; la mort noyait son oeil farouche ;
Ses bras pendants semblaient demander des appuis.
Il avait dans sa poche une toupie en buis.
On pouvait mettre un doigt dans les trous de ses plaies.
Avez-vous vu saigner la mûre dans les haies ?
Son crâne était ouvert comme un bois qui se fend.
L'aïeule regarda déshabiller l'enfant,
Disant : - comme il est blanc ! approchez donc la lampe.
Dieu ! ses pauvres cheveux sont collés sur sa tempe ! -
Et quand ce fut fini, le prit sur ses genoux.
La nuit était lugubre ; on entendait des coups
De fusil dans la rue où l'on en tuait d'autres.
- Il faut ensevelir l'enfant, dirent les nôtres.
Et l'on prit un drap blanc dans l'armoire en noyer.
L'aïeule cependant l'approchait du foyer
Comme pour réchauffer ses membres déjà roides.
Hélas ! ce que la mort touche de ses mains froides
Ne se réchauffe plus aux foyers d'ici-bas !
Elle pencha la tête et lui tira ses bas,
Et dans ses vieilles mains prit les pieds du cadavre.
- Est-ce que ce n'est pas une chose qui navre !
Cria-t-elle ; monsieur, il n'avait pas huit ans !
Ses maîtres, il allait en classe, étaient contents.
Monsieur, quand il fallait que je fisse une lettre,
C'est lui qui l'écrivait. Est-ce qu'on va se mettre
A tuer les enfants maintenant ? Ah ! mon Dieu !
On est donc des brigands ! Je vous demande un peu,
Il jouait ce matin, là, devant la fenêtre !
Dire qu'ils m'ont tué ce pauvre petit être !
Il passait dans la rue, ils ont tiré dessus.
Monsieur, il était bon et doux comme un Jésus.
Moi je suis vieille, il est tout simple que je parte ;
Cela n'aurait rien fait à monsieur Bonaparte
De me tuer au lieu de tuer mon enfant ! -
Elle s'interrompit, les sanglots l'étouffant,
Puis elle dit, et tous pleuraient près de l'aïeule :
- Que vais-je devenir à présent toute seule ?
Expliquez-moi cela, vous autres, aujourd'hui.
Hélas ! je n'avais plus de sa mère que lui.
Pourquoi l'a-t-on tué ? Je veux qu'on me l'explique.
L'enfant n'a pas crié vive la République. -
Nous nous taisions, debout et graves, chapeau bas,
Tremblant devant ce deuil qu'on ne console pas.
Vous ne compreniez point, mère, la politique.
Monsieur Napoléon, c'est son nom authentique,
Est pauvre, et même prince ; il aime les palais ;
Il lui convient d'avoir des chevaux, des valets,
De l'argent pour son jeu, sa table, son alcôve,
Ses chasses ; par la même occasion, il sauve
La famille, l'église et la société ;
Il veut avoir Saint-Cloud, plein de roses l'été,
Où viendront l'adorer les préfets et les maires ;
C'est pour cela qu'il faut que les vieilles grand-mères,
De leurs pauvres doigts gris que fait trembler le temps,
Cousent dans le linceul des enfants de sept ans.
Adricles- Interne
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Re: [Littérature] topic: poesie
C'est superbe Victor Hugo
Un autre, du même :
Sur une barricade au milieu des pavés
Souillés d'un sang coupable et d'un sang pur lavés
Un enfant de douze ans est pris avec des hommes
"Es-tu de ceux-là, toi ?" L'enfant dit : "Nous en sommes"
"C'est bon, dit l'officier, on va te fusiller
Attends ton tour." L'enfant voit des éclairs briller
Et tous ses compagnons tomber sous la muraille.
Il dit à l'officier : "Permettez vous que j'aille
Rapporter cette montre à ma mère chez nous ?"
"Tu veux t'enfuir ?" " Je vais revenir" "Ces voyous
Ont peur ! Où loges-tu ?" "Là, près de la fontaine
Et je vais revenir, monsieur le capitaine."
"Va-t-en, drôle !" L'enfant s'en va. Piège grossier.
Et les soldats riaient avec leur officier
Et les mourants mélaient à ce rire leur râle.
Mais le rire cessa, car soudain l'enfant pâle
Brusquement reparut, fier comme Viala
Vint s'adosser au mur et leur dit : "Me voilà"
La mort stupide eut honte, et l'officier fit grâce.
Enfant je ne sais point, dans l'ouragan qui passe
Et confond tout, le mal, héros, bandits
Ce qui dans ce combat te poussait, mais je dis
Que ton âme ignorante est une âme sublime.
Bon et brave tu fais, dans le fond de l'abîme
Deux pas, l'un vers ta mère, et l'autre vers la mort.
L'enfant a la candeur et l'homme a le remords
Et tu ne réponds point de ce qu'on te fit faire.
Mais l'enfant est superbe est vaillant qui préfère
A la fuite, à la vie, à l'aube, aux jeux permis
Au printemps, le mur sombre où sont morts ses amis.
La gloire au front te baise, ô toi, si jeune encore.
Doux ami, dans la Grèce antique, Stésichore
T'eut chargé de défendre une porte d'Argos
Sinégyre t'eut dit : "Nous sommes deux égaux"
Et tu serais admis au rang des purs éphèbes
Par Thyrtée à Messène et par Eschyle à Thèbes.
On graverait ton nom sur des disques d'Airain
Et tu serais de ceux qui, sous le ciel serain
S'ils passent près du puits ombragé par le saule
Font que la jeune fille ayant sur son épaule
L'urne où s'abreuveront les buffles haletants
Pensive se retourne, et regarde longtemps.
Un autre, du même :
Sur une barricade au milieu des pavés
Souillés d'un sang coupable et d'un sang pur lavés
Un enfant de douze ans est pris avec des hommes
"Es-tu de ceux-là, toi ?" L'enfant dit : "Nous en sommes"
"C'est bon, dit l'officier, on va te fusiller
Attends ton tour." L'enfant voit des éclairs briller
Et tous ses compagnons tomber sous la muraille.
Il dit à l'officier : "Permettez vous que j'aille
Rapporter cette montre à ma mère chez nous ?"
"Tu veux t'enfuir ?" " Je vais revenir" "Ces voyous
Ont peur ! Où loges-tu ?" "Là, près de la fontaine
Et je vais revenir, monsieur le capitaine."
"Va-t-en, drôle !" L'enfant s'en va. Piège grossier.
Et les soldats riaient avec leur officier
Et les mourants mélaient à ce rire leur râle.
Mais le rire cessa, car soudain l'enfant pâle
Brusquement reparut, fier comme Viala
Vint s'adosser au mur et leur dit : "Me voilà"
La mort stupide eut honte, et l'officier fit grâce.
Enfant je ne sais point, dans l'ouragan qui passe
Et confond tout, le mal, héros, bandits
Ce qui dans ce combat te poussait, mais je dis
Que ton âme ignorante est une âme sublime.
Bon et brave tu fais, dans le fond de l'abîme
Deux pas, l'un vers ta mère, et l'autre vers la mort.
L'enfant a la candeur et l'homme a le remords
Et tu ne réponds point de ce qu'on te fit faire.
Mais l'enfant est superbe est vaillant qui préfère
A la fuite, à la vie, à l'aube, aux jeux permis
Au printemps, le mur sombre où sont morts ses amis.
La gloire au front te baise, ô toi, si jeune encore.
Doux ami, dans la Grèce antique, Stésichore
T'eut chargé de défendre une porte d'Argos
Sinégyre t'eut dit : "Nous sommes deux égaux"
Et tu serais admis au rang des purs éphèbes
Par Thyrtée à Messène et par Eschyle à Thèbes.
On graverait ton nom sur des disques d'Airain
Et tu serais de ceux qui, sous le ciel serain
S'ils passent près du puits ombragé par le saule
Font que la jeune fille ayant sur son épaule
L'urne où s'abreuveront les buffles haletants
Pensive se retourne, et regarde longtemps.
Eldara- A l'aise
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Re: [Littérature] topic: poesie
on en reste sans voix
Adricles- Interne
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Re: [Littérature] topic: poesie
Bon je vais citer quelque chose de plus léger (mais rester dans la veine des compostions de Tigrou, mis en musique par brassens d'où ma préférence. Le texte est d'aragon.
Rien n'est jamais acquis à l'homme Ni sa force
Ni sa faiblesse ni son coeur Et quand il croit
Ouvrir ses bras son ombre est celle d'une croix
Et quand il croit serrer son bonheur il le broie
Sa vie est un étrange et douloureux divorce
Il n'y a pas d'amour heureux
Sa vie Elle ressemble à ces soldats sans armes
Qu'on avait habillés pour un autre destin
A quoi peut leur servir de se lever matin
Eux qu'on retrouve au soir désoeuvrés incertains
Dites ces mots Ma vie Et retenez vos larmes
Il n'y a pas d'amour heureux
Mon bel amour mon cher amour ma déchirure
Je te porte dans moi comme un oiseau blessé
Et ceux-là sans savoir nous regardent passer
Répétant après moi les mots que j'ai tressés
Et qui pour tes grands yeux tout aussitôt moururent
Il n'y a pas d'amour heureux
Le temps d'apprendre à vivre il est déjà trop tard
Que pleurent dans la nuit nos coeurs à l'unisson
Ce qu'il faut de malheur pour la moindre chanson
Ce qu'il faut de regrets pour payer un frisson
Ce qu'il faut de sanglots pour un air de guitare
Il n'y a pas d'amour heureux
Il n'y a pas d'amour qui ne soit à douleur
Il n'y a pas d'amour dont on ne soit meurtri
Il n'y a pas d'amour dont on ne soit flétri
Et pas plus que de toi l'amour de la patrie
Il n'y a pas d'amour qui ne vive de pleurs
Il n'y a pas d'amour heureux
Mais c'est notre amour à tous les deux
Rien n'est jamais acquis à l'homme Ni sa force
Ni sa faiblesse ni son coeur Et quand il croit
Ouvrir ses bras son ombre est celle d'une croix
Et quand il croit serrer son bonheur il le broie
Sa vie est un étrange et douloureux divorce
Il n'y a pas d'amour heureux
Sa vie Elle ressemble à ces soldats sans armes
Qu'on avait habillés pour un autre destin
A quoi peut leur servir de se lever matin
Eux qu'on retrouve au soir désoeuvrés incertains
Dites ces mots Ma vie Et retenez vos larmes
Il n'y a pas d'amour heureux
Mon bel amour mon cher amour ma déchirure
Je te porte dans moi comme un oiseau blessé
Et ceux-là sans savoir nous regardent passer
Répétant après moi les mots que j'ai tressés
Et qui pour tes grands yeux tout aussitôt moururent
Il n'y a pas d'amour heureux
Le temps d'apprendre à vivre il est déjà trop tard
Que pleurent dans la nuit nos coeurs à l'unisson
Ce qu'il faut de malheur pour la moindre chanson
Ce qu'il faut de regrets pour payer un frisson
Ce qu'il faut de sanglots pour un air de guitare
Il n'y a pas d'amour heureux
Il n'y a pas d'amour qui ne soit à douleur
Il n'y a pas d'amour dont on ne soit meurtri
Il n'y a pas d'amour dont on ne soit flétri
Et pas plus que de toi l'amour de la patrie
Il n'y a pas d'amour qui ne vive de pleurs
Il n'y a pas d'amour heureux
Mais c'est notre amour à tous les deux
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