La taverne version plumitive

Je ne comprends pas, Morgan: si tu aimes Mallarmé, pourquoi as-tu l'air tout fâché d'avoir dû te le taper pendant le week-end?

Skywatcheuse a écrit:Je ne comprends pas, Morgan: si tu aimes Mallarmé, pourquoi as-tu l'air tout fâché d'avoir dû te le taper pendant le week-end?

parce qu'à côté j'ai rien glandé (enfin si j'ai fait "Les rythmes de la vie" pour le latin) et j'arrive pas à savoir quel poème commenté pour mardi et je ne vois pas de quel poème il parle en "sonnet en -i" à moins qu'il parle du sonnet en "yx" et "ore"
bref l'idée de taffer du français m'énerve!

Mais t'es nunuche le sonnet en i c'est

Le vierge, le vivace et le bel aujourd'hui
Va-t-il nous déchirer, avec un coup d'aile ivre,
Ce lac dur oublié que hante sous le givre
Le transparent glacier des vols qui n'ont pas fui? etc. etc.

Pfff, espèce d'amateur

Mallarmé est un de mes auteurs préférés, hélas, comme j'ai une mémoire de poisson rouge et n'ai jamais été fichue d'apprendre le moindre vermisseau par coeur, je me trouve dans la triste impuissance de vous citer mes vers favoris.
Il fait résonner les mots dans tout leur mystère, leur saturation de sens, me fait en cela un peu pensser aux parnassiens, défenseurs de l'art pour l'art qui voulaient faire de chaque mot une gemme liée aux autres dans une orfévrerie rare et virtuose, au contraire, chez Mallarmé, chaque gemme n'a que le vide pour écrin et y brille de toute la profondeur de ses eaux. (bon, là je m'envole, redescends Mathilde: poum!)

bref, ses images sont oniriques, surréelles, profondes, mythiques TOUT chez lui a une dimension archétypale, il est le poète de la quintescence, cf Huysmans dans A Rebours

Seerose, tu devrais aimer pourtant, certains poèmes évoquent des rituels d'évocation de la morte bien aimée, d'autres la fascination pour la Nuit, les chimères, la féerie, ce qui pourrait par certains aspects le rapprocher de Nerval.
Ajoutons-y une grande influence baudelairienne et poeienne (j'ignore l'adjectif pour "de Poe") et que Byron trône dans sa bibliothèque

Enfin, Hérodiade est une oeuvre sublime, que je chéris, je me retrouve dans chacune de ses lignes (sauf quand la nourrice parle), c'est d'un beauté froide, lunaire et métallique, cruelle comme un cristal ardent...

bon, ok, j'arrête et vais me faire une tisane,
c'est de votre faute aussi, commencer avec Mallarmé, on n'a pas idée!

Ajoutons-y une grande influence baudelairienne et poeienne (j'ignore l'adjectif pour "de Poe") et que Byron trône dans sa bibliothèque

Honte à moi! Je me prétends grande idolatrice de Baudelaire et Poe et n'ai jamais lu Mallarmé.

Je cours au CDI lundi si ce sont vraiment ses influences

Macht a écrit:Ajoutons-y une grande influence baudelairienne et poeienne (j'ignore l'adjectif pour "de Poe")

Il me semble qu'on dit "poesque"...
Ben oui, maintenant que Mathilde nous a tous pétrifiés par l'ample majesté de ses phrases cicéroniennes et la nitescence coruscante de ses métaphores adamantines (hohoho, gargarisons-nous, mes frères, nous sommes entre littéraires...), on n'a plus rien à répondre que de petites remarques de détail presque mesquines...

Commence par le Tombeau d'Edgar Poe alors ,p

On partage les capacités Mathilde, moi la mémoire et toi l'analyse ;p *et pour le sonnet en i même moi je le savais (a), si j'avais les mêmes inclinations que toi Morgan, tu serais peut être bien obligé de mordre un coup l'oreiller *

le pire c'est que je l'ai fait en première le sonnet en -i mais j'avais zappé que c'était celui-là!!

pis Mallarmé c'est bien mais pas jouissif, y en a plein d'autres des auteurs, et des mieux, fin XIX? Vive Huysmans et Rimbaud!

Macht a écrit:Mallarmé est un de mes auteurs préférés, hélas, comme j'ai une mémoire de poisson rouge et n'ai jamais été fichue d'apprendre le moindre vermisseau par coeur, je me trouve dans la triste impuissance de vous citer mes vers favoris.
Il fait résonner les mots dans tout leur mystère, leur saturation de sens, me fait en cela un peu pensser aux parnassiens, défenseurs de l'art pour l'art qui voulaient faire de chaque mot une gemme liée aux autres dans une orfévrerie rare et virtuose, au contraire, chez Mallarmé, chaque gemme n'a que le vide pour écrin et y brille de toute la profondeur de ses eaux. (bon, là je m'envole, redescends Mathilde: poum!)

bref, ses images sont oniriques, surréelles, profondes, mythiques TOUT chez lui a une dimension archétypale, il est le poète de la quintescence, cf Huysmans dans A Rebours

Seerose, tu devrais aimer pourtant, certains poèmes évoquent des rituels d'évocation de la morte bien aimée, d'autres la fascination pour la Nuit, les chimères, la féerie, ce qui pourrait par certains aspects le rapprocher de Nerval.
Ajoutons-y une grande influence baudelairienne et poeienne (j'ignore l'adjectif pour "de Poe") et que Byron trône dans sa bibliothèque

Enfin, Hérodiade est une oeuvre sublime, que je chéris, je me retrouve dans chacune de ses lignes (sauf quand la nourrice parle), c'est d'un beauté froide, lunaire et métallique, cruelle comme un cristal ardent...

bon, ok, j'arrête et vais me faire une tisane,
c'est de votre faute aussi, commencer avec Mallarmé, on n'a pas idée!

Je suis d'accord, il y a quelques poèmes superbes, que ce soit "La chair est triste" ou celui qui finit par "mon nom murmuré tout un soir" (celui où la morte revient). Mais ce sont justement des poèmes non-mallarméens, inspirés de ses prédécesseurs, encore marqués par le romantisme, par Nerval et par Baudelaire. Après, le vrai Mallarmé qui veut écrire un grand livre sur tout et des poèmes sur rien apparaît, avec ses emberlificotages vains et illisibles, et c'est bien dommage...

Nerval... je suis dingue de lui. Tu n'aurais pas dû en parler, maintenant je suis en crise d'extase. Nerval ou Novalis ? J'hésite toujours à élire mon fiancé d'entre les morts. (Je suppose, telle que je te connais, que dans ce cas tu vas m'orienter vers une partouse poétique )

bon, là tt de suite j'ai une colle de Français, après je vous balance des asticots, promis!!!

Nerval = mon dieu absolu dans la poésie Française, je l'aiiiiiiiiiimeuh!!!!!!!!!!! je ferais un petit topo plus tard, on ne peut pas traiter de Nerval entre deux portes

sinon, l'incubat est LA solution (cf Huysmans Là bas) ou la nécrophilie, (choix personnel quant à Byron car je n'oserai jamais profaner la mémoire de Nerval)

ça y est, colle passée (plutôt Thôôoooooorchée j'doa dire)
je vous balance les asticots mes chéris,

commençons par la fin d'un poème "las de l'amer repos", du Mallarmé pur jus, maturation idéale, période hermétique, et pourtant...

Imiter le Chinois au cœur limpide et fin
De qui l’extase pure est de peindre la fin
Sur ses tasses de neige à la lune ravie
D’une bizarre fleur qui parfume sa vie
Transparente, la fleur qu’il a sentie, enfant,
Au filigrane bleu de l’âme se greffant.
Et, la mort telle avec le seul rêve du sage,
Serein, je vais choisir un jeune paysage
Que je peindrais encor sur les tasses, distrait.
Une ligne d’azur mince et pâle serait
Un lac, parmi le ciel de porcelaine nue,
Un clair croissant perdu par une blanche nue
Trempe sa corne calme en la glace des eaux,
Non loin de trois grand cils d’émeraude, roseaux.

s'il n'y a pas une petite réminiscence (c'est le cas de le dire) de Novalis là dedans malgré sa volonté de rupture et nouveauté...

et surtout, là pour le coup en est en plein délire du Livre, puisque si Livre il y a avait eu, c'eût été sûrement le Livre d'Hérodiade, cette vierge fatale, pure reflexivité de glace ardente (on se caaaaaaaalme)
quelques extraits au risque de briser l'unité voulue, histoire de ne pas vous lasser mais vous donner envie de complèter:

Le blond torrent de mes cheveux immaculés
Quand il baigne mon corps solitaire le glace
D’horreur, et mes cheveux que la lumière enlace
Sont immortels. O femme, un baiser me tuerait
Si la beauté n’était la mort...

plus loin

Laisse-là ces parfums ! ne sais-tu
Que je les hais, nourrice, et veux-tu que je sente
Leur ivresse noyer ma tête languissante ?
Je veux que mes cheveux qui ne sont pas des fleurs
À répandre l’oubli des humaines douleurs
Mais de l’or, à jamais vierge des aromates,
Dans leurs éclairs cruels et dans leurs pâleurs mates,
Observent la froideur stérile du métal,
Vous ayant reflétés, joyaux du mur natal,
Armes, vases depuis ma solitaire enfance.

(elle à raison non?)
plus loin

J’aime l’horreur d’être vierge et je veux
Vivre parmi l’effroi que me font mes cheveux
Pour, le soir, retirée en ma couche, reptile
Inviolé sentir en la chair inutile
Le froid scintillement de ta pâle clarté
Toi qui te meurs, toi qui brûles de chasteté
Nuit blanches de glaçons et de neige cruelle !

Et ta sœur solitaire, ô ma sœur éternelle
Mon rêve montera vers toi : telle déjà,
Rare limpidité d’un cœur qui le songea,
Je me crois seule en ma monotone patrie
Et tout, autour de moi, vit dans l’idolâtrie
D’un miroir qui reflète en son calme dormant
Hérodiade au clair regard de diamant...

ça y est, je me pâme, ach... est-il quelque chose de plus beau que cette Hérodiade?

Une pour Spleen (et Celcius qui l'a évoqué)

Le Tombeau d'Edgar Poe

Tel qu’en Lui-même enfin l’éternité le change,
Le Poëte suscite avec un glaive nu
Son siècle épouvanté de n’avoir pas connu
Que la mort triomphait dans cette voix étrange !

Eux, comme un vil sursaut d’hydre oyant jadis l’Ange
Donner un sens plus pur aux mots de la tribu
Proclamèrent très haut le sortilège bu
Dans le flot sans honneur de quelque noir mélange.

Du sol et de la nue hostiles, ô grief !
Si notre idée avec ne sculpte un bas-relief
Dont la tombe de Poe éblouissante s’orne

Calme bloc ici-bas chu d’un désastre obscur,
Que ce granit du moins montre à jamais sa borne
Aux noirs vols du Blasphème épars dans le futur.

et une dernière parce que sinon l'oeuvre complète y passe:

Le Tombeau de Baudelaire

Le temple enseveli divulgue par la bouche
Sépulcrale d’égout bavant boue et rubis
Abominablement quelque idole Anubis
Tout le museau flambé comme un aboi farouche

Ou que le gaz récent torde la mèche louche
Essuyeuse on le sait des opprobres subis
Il allume hagard un immortel pubis
Dont le vol selon le réverbère découche

Quel feuillage séché dans les cités sans soir
Votif pourra bénir comme elle se rasseoir
Contre le marbre vainement de Baudelaire

Au voile qui la ceint absente avec frissons
Celle son Ombre même un poison tutélaire
Toujours à respirer si nous en périssons.

Bouyouyouuu, je n'ai jamais rien lu de Nerval, snif, pauvre béotienne que je suis!

Mathilde, dans sa générosité infinie, a écrit:je ferai un petit topo plus tard, on ne peut pas traiter de Nerval entre deux portes

Vite, le topo, le topo!!

Macht a écrit:on ne peut pas traiter de Nerval entre deux portes

peut-on lui faire autre chose entre deux portes?

Eimear Quinn a écrit:

Macht a écrit:on ne peut pas traiter de Nerval entre deux portes

peut-on lui faire autre chose entre deux portes?

Tu viens de nous apprendre dans un autre topic qu'on pouvait faire plein de choses rigolotes à travers une fenêtre, alors pourquoi pas entre deux portes?

Skywatcheuse a écrit:Tu viens de nous apprendre dans un autre topic qu'on pouvait faire plein de choses rigolotes à travers une fenêtre, alors pourquoi pas entre deux portes?

c'est aussi une façon de dire 'tirer un coup vite fait'
un peu comme 'le cul entre deux chaises'.. ah non, là je confonds..

Oui bon, que nos digressions de petits hypos sexuellement frustrés ne soient pas une excuse pour que Mathilde oublie la parole donnée...
Je réitère: le topo! le topo!

Skywatcheuse a écrit:Oui bon, que nos digressions de petits hypos sexuellement frustrés ne soient pas une excuse pour que Mathilde oublie la parole donnée...

Frustrés? Ce n'est pas ce qu'en pense notre prof de géo qui nous trouve bien au contraire très au courant de la chose.. De plus, en un jour comme celui-ci, que les coeurs tombent! Les pantalons aussi!

Morganou le canaillou a écrit:que les coeurs tombent! Les pantalons aussi!

Tu n'as qu'à montrer l'exemple...

Skywatcheuse a écrit:Tu n'as qu'à montrer l'exemple...

pour information à tous et toutes, nous étions ensemble dans la crypte aux ordis, j'ai enlevé le premier bouton de mon pantalon mais Laura m'a prié d'en rester là! Un autre volontaire?

Bouuhouuhouuu j'ai vu le haut du slip, qui est noir pour ceux que ça intéresse; j'en suis restée toute choquée, bien que j'eusse détourné mes yeux chastes avec la plus grande promptitude...

Skywatcheuse a écrit:Bouuhouuhouuu j'ai vu le haut du slip, qui est noir pour ceux que ça intéresse; j'en suis restée toute choquée, bien que j'eusse détourné mes yeux chastes avec la plus grande promptitude...

comme si tu pouvais être choquée juste par cela! Pis il est beau mon boxer, il me met bien en valeur! noir owi!

Morganou au boxer noir a écrit:comme si tu pouvais être choquée juste par cela!

Comme si tu pouvais douter à ce point de ma chastitude et de mon innocentitude!

Skywatcheuse a écrit:Comme si tu pouvais douter à ce point de ma chastitude et de mon innocentitude!

vu ce que tu racontes sur la beauté des demoiselles, je doute que tu sois chaste, pure et innoncente!

Quelle beauté de quelles demoiselles? Explique... je suis avide d'en apprendre davantage sur ce que je dis lors de mes crises de schizophrénie...

Skywatcheuse a écrit: Quelle beauté de quelles demoiselles? Explique... je suis avide d'en apprendre davantage sur ce que je dis lors de mes crises de schizophrénie...

et qui a mis en photo un tableau de femmes aux seins nus?