[Musique] Qu'écoutez-vous à l'instant ?

c3lc1u5 a écrit:Ahh je le connais Basshunter il en a fait d'autres et en plus on peut avoir les osus titres en espéranto et en 1337 (que je comprends mais c'est assez facile le 1337 )

Patapon a écrit:Je voudrais vous parler de quelqu'un. Une artiste, engagée.
Keny Arkana.
On en reparle pas mal en ce moment, elle est devenue connue, et a su garder toute intégrité. Son refus d'accepter les invitations sur les plateaux TV, responsables de la désinformation qu'elle combat, est tout à son honneur. Keny Arkana chante, et renoue avec les origines du Rap français engagé, tel qu'il pouvait être du temps d'Assassin, Suprême NTM, ou même à la belle époque d'IAM. Aujourd'hui, nous avons une scène sclérosée, pourrie par nombre de personnes entrées dans une logique de commercialisation de leur produit - leur musique est devenue bien de consommation. Double discours que celui de ceux qui expriment une révolte contre le système mais se sont fondus dans le moule de l'exhibition d'une richesse ostentatoire.
Keny Arkana est violente, mais c'est la violence de l'amour, c'est la violence de celle qui crie devant l'injustice, de celle qui voit des peuples mourir, pour enrichir d'autres. Keny Arkana ne fait pas que crier sa colère, elle montre aussi les raisons de celle-ci, et est de toutes les luttes, lorsque celles-ci correspondent à ces idées. Défendant la liberté de la presse, elle soutient ceux qui sont brîmés pour avoir exmprimé leurs opinions, se servant de la tribune qui lui est offerte par sa notoriété croissante.
A l'instar de Rick Rowley et de son film-anthologie The Fourth World War, elle a elle-même participé à la création d'un autre documentaire tout aussi interessant, solidaire des mouvements d'émancipation des peuples de tous les continents, ces peuples qui luttent pour ne plus êtres spoliés par la logique néo-libérale aujourd'hui répandue. Ces gens qui souhaitent une autre mondialisation, qui serait culturelle, par exemple. Son film : Un autre monde est possible. L'influence qu'elle a reçu du film de Rick Rowley est apparente, surtout dans le clip d'une de ses plus célèbres chansons, La Rage (de son album Entre ciment et belle étoile), qui reprend presque exclusivement les images de ce film.
Je me suis éloigné un peu de la scène Rap, depuis un moment, restant ancré dans l'écoute des anciens, et, ce, de moins en moins. Mais Keny a su me toucher, son discours est sensé ; et même si je ne suis pas en accord avec toutes les méthodes préconisées, avec le peu de concessions faites, je sais également que cette radicalisation n'est que réaction à l'état actuel des choses.
On peut ne pas aimer sa musique, mais on ne peut qu'être - si l'on est opposé à toute logique mercantile de déshumanisation - solidaire de son combat. Altermondialiste, anticapitaliste, elle s'adresse aux insoumis, sages, marginaux, humanistes ou révoltés. Qu'on ne s'y trompe pas, Keny Arkana n'a pas une pulsion destructrice incontrôlable, elle est tout simplement écoeurée de ce qui se passe actuellement, fruit de nombreuses années d'une logique marchande inhumaine, elle refuse l'immobilisme face à cela, elle refuse également la simple victimisation, ses paroles s'accompagnent d'actes.
Je repense à Carlo Giulani et à Gênes en Juillet 2001, je repense à Emilie Maersk au Danemark en Mars 2003, je repense à Prague en Septembre 2000, je repense à Seattle en Novembre 1999, je repense au Québec en Avril 2001, je repense à l'Argentine en Septembre 2001,... je repense à Jénine en 2002, je repense au Chiapas depuis 1974, je repense à Séoul en Novembre 2003, je repense à tout cela, et tant d'autres moments encore, en Afrique du Sud, en Irak, en Afghanistan, en Chine,... Et elle aussi.
Et si vous n'aimez pas son clip, et si vous n'aimez pas sa musique, et si vous n'aimez pas ses paroles, je le comprends tout à fait. Mais, d'urgence, regardez The Fourth World War et Un autre monde est possible, partisans certes, mais réflechis. Investissons les espaces de liberté, je vous conseille, comme on me l'a conseillé, la lecture d'Hakim Bey, en commençant par TAZ.

Utopiste, je pense que cela l'est de moins en moins. Et s'il m'arrive de m'oublier dans le confort de mon bonheur de tous les jours, je n'oublie pas pour autant la souffrance qui m'entoure, et je sais que ce ne sont pas mes ponctuelles actions qui changeront quelque chose. Mais, si tous s'y mettaient, si tous y pensaient, sûrement, l'espoir renaîtrait. J'en suis certain.